Les armes chimiques et les explosions d’obus ont laissé de nombreux soldats aveugles lors de la première guerre mondiale. C’est sans doute pourquoi la société horlogère allemande Thiel (prédécesseur de Ruhla) a commencé la production de montres braille.
Les montres soviétiques pour aveugles et malvoyants remontent aux années ’30. C’est la 1ère Fabrique de Montres de Moscou qui en a inauguré la production (avec un mécanisme Type-1)
C’est cependant la Fabrique de Montres de Petrodvorets qui a produit le plus massivement des montres pour aveugles, avant 1964 sous la marque Petrodvorets, et ensuite sous la marque Raketa.
Le petit bouton à deux heures sur le boîtier qui libère un ressort qui soulève le verre pour exposer le cadran. L’heure peut alors être lue avec les doigts en palpant la position de l’aiguille des heures et des minutes par rapport au braille.
Ces montres étaient animées par le mécanisme 2601 (en savoir plus sur ce mécanisme), qui dérivait du célèbre Pobeda mais qui était dépourvu de seconde. L’utilité d’une trotteuse n’était pas assez grande pour contrebalancer le risque d’endommager le fragile pignon des secondes lorsqu’on le touchait. De plus, un pignon de canon solide augmentait probablement l’intégrité structurelle générale de la montre. Les aiguilles étaient aussi épaisses et robustes pour résister au contact régulier avec les doigts.
En règle générale, les cadrans soviétiques étaient recouverts d’une fine laque transparente avant que du texte, des graphiques ou des chiffres y soient imprimés. Cette laque offrait une meilleure adhérence et une plus grande clarté pour l’impression ultérieure, et donnait également aux cadrans un éclat réfléchissant et un aspect très poli. Cependant, cette laque était extrêmement délicate et peu adaptée à un cadran destiné à être touché régulièrement et à plusieurs reprises. Par conséquent, un matériau de cadran et une technique d’impression différents ont été développés, qui se sont avérés beaucoup plus résistants au toucher humain. Ces cadrans sont complètement mats et ont toujours leur impression, même après des décennies de contact régulier avec des doigts humains.
Par la suite, le modèle a évolué: le bouton d’ouverture s’est inséré dans la couronne et les aiguilles se sont un peu affinées. Sa référence est alors 2601/201161. Des cadrans sont apparu aux côtés des cadrans blancs.
Dans les années ’70, le 2601 est remplacé par le 2601H, un mécanisme dérivé du Raketa 2609. Un mouvement plus précis, plus sûr, avec une réserve de marche supérieure, mais à la finition moins soignées.
Le mouvement continue à (légèrement) évoluer (aiguilles de type glaive, nouveau boîtier). Sa référence devient 2601H/201248
Ce modèle a été aussi produit pour l’export, sous la marque Raketa, mais aussi avec des marques d’exportation: Sekonda, Cornavin:
Les autres fabriques horlogères soviétiques ont aussi produit des montres pour aveugle.
Ainsi la Fabrique de Montres de Zlatoust (de marque Zlatourkije, avec un mécanisme Type-1):
La Fabrique de Montres de Tchéliabinsk (marque Molnija, avec le calibre 3602)
La Fabrique de Montres de Penza (marque Zaria, calibre 1601)
Quant à la 2e Fabrique de Montres de Moscou, elle a produit des réveils pour aveugles
Notons enfin que les aveugles, organisée par la Société des aveugles de toute l’Union [soviétiques], la BOC, s’employaient dans des centres de formations et de productions dont certains produisaient des… montres jouets (voir ici).
Le fil sur WUS sur le sujet
Les montres soviétiques pour aveugles de la collection Dashiell