Fabrique de pièces de montres de Vitebsk

Il existait une petite fabrique d’aiguilles fondée pendant la première guerre mondiale comme filiale d’une société basée à Riga. C’est sur cette base qu’est fondée en 1923 la Fabrique d’Aiguilles de Vitebsk, dépendant de l’Association Provinciale de l’Industrie Métallurgique du Conseil Suprême de l’Économie Nationale de la République socialiste soviétique de Biélorussie. La Fabrique se trouve alors au 58 de la rue Surazh. En 1936, elle devient Fabrique d’état d’aiguilles de Vitebsk et en 1939 elle reçoit le nom honorifique « 20e Anniversaire de la RSSB ».
En juin 1941, en raison de l’avancée hitlérienne, elle est évacuée la région de Tambov. Revenue à Vitebsk en 1944, la Fabrique dépend à nouveau du du Trust d’État biélorusse des produits métalliques « Belmetiztresta », dépendant du Minisitère de l’Industrie et du Carburant de la RSS de Biélorussie. Le 5 février 1955 elle est renommée Fabrique de Vitebsk « Metalloshtamp », dépendant du Trust de la République de Biélorussie des Industrie métallurgique « Belmetallotresta ». Le 22 novembre 1958, elle est réorganisée en Fabrique de Vitebsk de pièces d’horlogerie, d’industrie électrotechnique et d’instruments de mesure, dépendant du Conseil de l’économie nationale de la RSSB.

En 1961, le ministère de l’industrie de l’URSS programme la production de montres pour hommes plate (moins de 3mm). La 1ère Fabrique de montres de Moscou conçoit a lors le calibre 2209 à 23 rubis qui est une réussite technique. Les premières montres emboîtant le 2209, fabriquées à Moscou sous la marque Vympel (Вымпел : Pennant, c’est-à-dire un drapeau triangulaire tel qu’utilisé comme ancienne bannière de guerre ou fanion de signalisation marine), sortent d’usine en juillet 1961. Un milliers de ces montres seront produites jusqu’à avril 1963.
A ce moment, la nouvelle règle de la production horlogère (une usine = une marque) est mise en place, et les autres montres produites à Moscou emboîtant un 2209 arboreront la marque « Poljot » (« Poljot de Luxe » ou « Sekonda » pour des montres d’exportation). Elles seront ensuite produites, sous la marquer Luch, par la Fabrique de Montres de Minsk.

L’implication possible de la Fabrique de Vitebsk dans la production des Vympel a été évoquée. Selon cette hypothèse, la fabrique produisait des boitiers pour les Vympel et aurait peut-être même emboîté des mouvements 2209 (d’abord de la 1FMM et ensuite des Luch).

Le 30 août 1963, la Fabrique de pièces de montres de Vitebsk devient une branche de l’Association de production d’horlogerie « Luch », toujours sous la tutelle du Conseil de économie nationale de la RSSB. Elle se retrouve donc associée à la Fabrique de Montres de Minsk.

Le 6 juin 1966 , l’Association « Luch »est dissoute et la Fabrique de pièces de montre de Vitebsk passe sous la tutelle du Ministère des instruments et systèmes d’automatisation et de contrôle de l’URSS. C’est un changement qui vaut la peine d’être remarqué car la fabrique passe alors de la tutelle de la RSS de Biélorussie à celle de l’URSS directement.


Le 6 mars 1985, la fabrique est renommée « Fabrique de Vitebsk pour la production d’équipements spéciaux du Ministère de l’instrumentation, de l’automatisation et de contrôle de l’URSS ». Du 4 décembre1986 au 23 avril 1992, la Fabrique de Vitebsk, devenue Fabrique d’Instruments de Vitebsk, est une nouvelle fois associée à la Fabrique de Montres de Minsk dans le cadre de l’Association de Production « Elektroizmeritel » du Ministère de l’instrumentation, les systèmes d’automatisation et de contrôle de l’URSS.

La fabrique avait adopté un logo à double triangle (rappelons que « vympel » = « penant », à savoir un fanion triangulaire, de guerre ou de marine), utilisé massivement par Vitebsk pour ses bracelets pour montre:

A partir du 14 octobre 1991, en raison du démembrement de l’URSS, la Fabrique passe sous le contrôle de la République du Biélorussie. Cette opération allait être suivie de la transformation de la Fabrique de Vitebsk en « Société par actions Fabrique d’Instruments de Vitebsk » en avril 1992.

A ce moment, l »activité principale est la production de montres (montres-bracelets, mur, table, réveils mécaniques et quartz), bracelets de métal de cuir, accessoires pour le cuir et l’industrie de la chaussure, accessoires pour uniformes, insignes et médailles.

La société était alors propriété du Ministère de l’Industrie de la République de Biélorussie, et avait ses principaux bâtiments 4 rue Gagarine. Les montres emboîtaient alors des mouvement Luch (1801), Raketa (2604.H), Vostok (?) et des mouvements chinois SN-2 de la Fabrique de montres de Nanjing.

Ci-dessous, une Vympel de la période de transition: son cadran porte l’insigne au double-triangle et la mention « Fabriquée en Biélorussie » mais son mécanisme porte encore la marque des calibres fabriquées en URSS.

(collection F. Gordon)
Le rochet du mécanisme est marqué 26209.HA SU avec le logo Raketa

En voici une autre

(collection B. Hanoï)
Le motif du cadran représente l’ancien hôtel de ville de Vitebsk, aujourd’hui musée régional.
Le rochet du mécanisme est également marqué 26209.HA SU avec le logo Raketa

Ci-dessous, une Vympel de la fin de la production horlogère de la Fabrique de Vitebsk. Le cadran est identique mais le mécanisme est chinois.

Sur le mécanisme, le logo à double triangle.

La Fabrique de Vitebsk existe toujours mais a cessé sa production de montres dans les années ’90. Elle produit de petits objets métalliques: médailles, bijoux, insignes, bracelets pour montres et pièces de bracelets (boucles, ardillons etc.): voir ici

Petits objets produits actuellement à la Fabrique de Vitebsk

Sur le bâtiment de la Fabrique de Vitebsk, 6 rue Pouchkine, deux plaques deux de ses anciens travailleurs qui s’étaient distingués par leur héroïsme en septembre 1943, lors du passage du Dniepr.

Gregori Solomonovich Garfunkine était originaire de l’importante communauté juive de Vitebsk (le nom d’origine de sa famille était Garfunkel). Il était entré en 1936, à l’âge de 16 ans, à la Fabrique de Vitebsk et y travailla jusqu’à sa mobilisation. Il a participé à la défense de Léningrad et y fut gravement blessé. Après son rétablissement, il fit partie d’un groupe d’éclaireur de la 183e Brigade de chars. Son peloton de six éclaireurs reçu du maréchal Moskalenko l’ordre de traverser le Dniper pour y reconnaître les défenses allemandes. Le 22 septembre 1943, le groupe effectua sa mission, mais il fut repéré. Garfunkine resta en arrière pour couvrir la retraite de ses camarades, puis fut tué lors qu’il tenta lui-même de retraverser le fleuve. Il reçu à titre posthume le titre de Héros de l’Union soviétique.

Gregori Solomonovich Garfunkine


Trois jours après, le 25 septembre, une petit détachement commandé par le le lieutenant de la garde Vladimir Ivanovitch Svidinsky traversa audacieusement le Dniepr sous le feu de l’ennemi. Il y établit une tête de pont qui résista aux contre-attaques allemandes et permit la poursuite de l’offensive soviétique sur la rive Ouest du fleuve. Pour cet exploit, Svidinsky reçu le titre de Héros de l’Union soviétique. Il est mort au combat le 25 mars 1945, en Allemagne.

Vladimir Ivanovitch Svidinsky

Note: Par soucis de clarté, les innombrables changements de nom des autorités de tutelles n’ont toujours été indiqués. A titre d’exemple, l’Association provinciale de l’Industrie métallurgique devient 1924 l’Association d’État biélorusse de l’Industrie métallurgique ; en septembre 1927 le Trust d’État biélorusse de l’industrie métallurgique ; en janvier 1930 l’Association biélorusse de l’industrie métallurgique, et en janvier 1933 le Trust d’État biélorusse des produits métalliques « Belmetiztresta »…

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