La 2e Fabrique de Montres de Moscou est née de la fusion d’une première structure de production horlogère soviétique (centrée autour des fabriques NOV, MEMZ et Aviapribor) avec l’achat aux USA des équipements d’Ansonia Clock, le tout transposé dans un nouveau bâtiment construit à cet effet.
Voir ici l’histoire de la NOV, de la MEMZ et d’Aviapribor
Voir ici l’histoire de l’acquisition et du déménagement en URSS d’Ansonia Clock
En 1930, la 2e Fabrique de Montre de Moscou a réuni ses activités dans un bâtiment unique et son plan de production est fixé avec trois axes: la production d’horloges murales simples (khodiki), la production des réveils-matin (mais aussi d’horloges de table, d’échecs et autres utilisant le mécanisme des réveils-matin), la production d’horloges électriques primaires et secondaires, y compris des horloges électriques pour véhicules.
1° Les horloges khodiki
Il y avait d’abord les horloges murales simples, à poids ou à balancier, les khodiki. De telles horloges étaient fabriquées dans la région de Moscou depuis la 2e moitié du XIXe siècle (voir ici).
Après la fin de la guerre civile, la production reprend, d’abord par la fabrique Aviapribor, ensuite par la MEMZ. La 2FMM reprendra cette production jusqu’en 1943. Ce type d’horloge ne sera plus produit, par la suite que par la Fabrique d’Horloges de Serdobsk et par la Fabrique d’Horloges d’Orel, toutes deux créées avec l’assistance de la 2FMM..
En 1932, la production totale de khodiki atteint 3 millions d’unités. Malgré leur technique obsolète, ce type d’horloge est toujours resté très populaire et en 1955 on en a encore produit 6 millions.
Pour en savoir plus sur l’histoire des khodiki
2° Les réveils-matin
Avant la révolution en Russie, de petites quantités de réveils étaient assemblées dans les ateliers horlogers à partir d’accessoires importés allemands et français. En 1924-1928, le Tochmekh achète des pièces à l’étranger, principalement en Allemagne chez Junghans, et les assemble des dans ses ateliers situés près de la gare de Bielorussie et à Malaya Ordynka.
Dans chacun de ces ateliers, 6 à 7.000 réveils étaient produits chaque année.
Dès que MEMZ a été placée sous l’autorité du Tochmekh, la production de réveils y a commencé. Dans les meilleurs mois, la production mensuelle des réveils par la MEMZ atteignait 7.000 pièces. Des réveils ont également été assemblés chez Aviapribor, appartenant aussi au Tochmekh.
Dans le but de ne plus faire dépendre des pièces importées, il était prévu en 1928 de produire des réveils de type B-1 et B-2, respectivement basés sur le réveil allemand Junghans et le réveil français Bravo. Mais en 1930 arrivent les machines, équipements et plans du réveil Ansonia qui portait la marque « Pirate ». A cette époque le réveil modèle B-3 est apparu et mis en production. En 1931, c’est la conception du réveil B-4 qui sera produit en masse par la 2FMM jusqu’à la fin des années 30. Sa sortie en 1940 était d’environ 100.000 pièces.
Avant la guerre, la 2 FMM a aussi conçu le réveil B-6, la plus avancée sur le plan technologique.
Un réveil de petite taille à 11 rubis est conçu en 1954.
La 2FMM a également joué un rôle important dans le développement de la production de réveils mécaniques dans les fabriques horlogères d’Erevan et d’Orel, ainsi que dans l’atelier d’horlogerie de la fabrique de construction de machines de Rostov, et 3e Fabrique de Montres de Moscou.
3° Les horloges électriques
Dans ce domaine comme dans les autres, la Russie était particulièrement en retard et dans un premier temps, la MEMZ ne s’occupait que de réparer les horloges électriques achetées antérieurement. Des horloges électriques primaires ont été achetées à Siemens jusqu’en 1928 et, en 1929, MEMZ a elle-même assemblé plusieurs montres primaires à partir de composants achetés à l’entreprise.
En 1925, les concepteurs de la MEMZ, se basant sur un modèle Siemens, ont développé leur propre modèle et la fabrique a commencé à en produire.
En 1930, la 2FMM qui a hérité de la MEMZ commence à produire ses horloges à pendule primaires électriques EPChG (ЭПЧГ) sur laquelle peut être connectée 50 horloges secondaires. Au début des années 30, la production de montres électriques pour véhicules démarre.
C’est cette tradition des horloges électriques qui a permis à la fabrique, bien des années plus tard, d’être pionnière dans la conception et la production de montres électriques à transistor, à diapason et enfin à quartz. Dès 1945, des travaux sur les montres électriques ont été menés pendant de nombreuses années en étroite collaboration avec NII Chasprom.
La mise en oeuvre du plan de production a rencontré de de nombreux problèmes. Il fallait créer une ligne unique production à grande échelle, sans interrompre la production. De plus, parallèlement à l’aménagement du nouveau bâtiment, il fallait transférer vers d’autres entreprises la production non-horlogères de la MEMZ (radios, pompes, etc.)
En avril 1930, commence la production de nouveaux réveils de type Ansonia (avec une production annuelle prévue de 75.000 pièces) et d’horloges électriques secondaires (10.000 pièces). En août, les équipements d’Aviapribor pour la production d’horloges murales ont été réceptionnés et installés, et la 2FMM commence à en produire avec un plan pour 1931 d’un million de pièces.
Ce fut une période de crise car les problèmes étaient nombreux : manque de personnel qualifié (y compris administratif), pénurie de métaux non ferreux et d’aciers spéciaux, importance des rebuts (en raison de travailleurs inexpérimenté, de matériaux non conformes, de machines mal réglées, etc.). L’ambiance de travail n’était pas bonne y compris entre responsables : Aviapribor a retardé tant que possible le transfert de spécialistes et de machines à la Fabrique.
L’embauche d’un personnel d’origine paysanne, peu habitués à la discipline de l’usine (ponctualité, précision…), provoqua au début un important roulement de personnel. C’était également le cas dans d’autres industries et le 3 septembre 1930, le Comité central du Parti communiste pan-syndical des bolcheviks a lancé un appel pour stabiliser les travailleurs dans la production.
La qualité de la production a été affectée. La médiocre qualité des réveils de type « Bravo » (B-2), dont la production avait commencé en 1929, mécontentait les consommateurs. Dans l’article « Qui est responsable de la qualité ? » du journal de l’usine « Réveil » du 15 octobre 1930, examinait en détail les raisons de la mauvaise qualité des produits.
En octobre 1930, une équipe de grands spécialistes et rationalisateurs de la construction mécanique est envoyée à l’usine, dirigée par N.I. Podvoisky. Les documents d’enquête ont été publiés dans le journal « Réveil ». La critique a été sévère car même les raisons « objectives» – (manque d’équipement et de personnel) ont été jugées d’origine « subjective», car elles n’avaient pas reçu l’attention voulue des responsables. L’organisation de la formation n’était pas à la hauteur, la planification était prise en défaut (certains types d’outils restaient inutilisés, tandis que d’autres, nécessaires, manquaient). Ce rapport sévère et les conseils qui étaient assortis aidèrent à l’amélioration de la production.
Lors d’une soirée de gala dédiée au lancement officiel de la 2e Fabrique de Montres d’État, le 5 novembre 1930 au Théâtre Kaliayev, les ouvriers, employés et personnel technique de la nouvelle usine purent entendre le représentant du Tochmekh souligner l’importance d’une production de qualité. Des réunions de travailleurs furent convoquées sur diverses questions et les choses allèrent en s’améliorant.
Près du bâtiment industriel de l’ancienne MEMZ, il y avait un entrepôt de produits finis et une expédition qui effectuait le conditionnement et l’expédition des produits finis selon les commandes. De nouvelles machines (dont 10 tours automatiques, une perceuse à dix broches pour le perçage simultané de tous les trous dans les plaques, et des machines à tailler les engrenages) s’ajoutèrent au parc.
Le travail de l’usine commença à s’améliorer. D’octobre à décembre 1930, la production de réveil à triplé et celle d’horloge à doublé.. Malgré toutes les difficultés, à la fin de l’année, 144 000 réveils et 628 000 horloges ont été produits. La même année, la production en série de horloges électriques primaires ЭПУГ (pour 50 montres secondaires) a commencé.
1932 fut définie « Année de la lutte pour la qualité ». La responsabilité personnelle des contremaîtres et des chefs d’atelier était engagée et l’origine de défauts a été identifiée (ainsi le procédé de traitement thermique développé par des spécialistes allemands pour durcir l’axe de la balance des réveils ne donnait pas satisfaction).
En 1932, la qualité des produit, ainsi que leur présentation, s’était considérablement améliorées et il y eu même un dépassement important du plan pour le 4e trimestre. Au total, en 1932,300.000 réveils et 3.115.000 horloges ont été produits. Une exportation d’horloge vers la Chine commença.
C’est dans cette lutte pour la qualité et la quantité que se distingua le talentueux ingénieur Konstantin Mikhailovich Britsko, futur ingénieur en chef de l’usine (1937-1939), vice-ministre, vice-président du Conseil économique de Penza et le chef de Glavchasprom pendant 15 ans.
C’est en 1933 que s’acheva l’installation des équipements reçus des États-Unis. En 1933, la fabrique a produit 3.930.000 réveils et horloges. La pénurie de personnel qualifié continuait cependant à se faire sentir. En 1934, 70 % des nouveaux ouvriers provenaient des campagnes. La création d’une école technique était nécessaire. La formation des ingénieurs horlogers a commencé à la Haute Ecole Bauman de Moscou ( Московское Высшее училище имени Баумана (МВТУ), qui à l’époque était appelée Institut de génie mécanique. Très vite, l’Institut de la machine-outil de Moscou a commencé à former des spécialistes pour l’industrie horlogère de Moscou, une trazdition qui se perpétue aujourd’hui.
Par décision du Conseil du travail et de la défense du 21 avril 1935, la 2FMM reçut l’ordre de maîtriser l’assemblage de montres de poche à partir de pièces de la 1ère Fabrique. Le décret prévoyait également des investissements pour élargir la base de production. Des fonds ont été alloués pour la construction d’une annexe de quatre étages au bâtiment principal d’une superficie totale de 4500 m². Le premier lot de montres de poche est sorti en 1937.
Cette année marque le début de la production d’horloges pour la voiture ZIS101; ainsi que des jouets utilisant un ressort d’horloge comme source d’énergie. La production d’horloges de table, murales et réveils s’est poursuivie. Une horloge d’échecs était en cours de maîtrise en production. Au total, environ 3,5 millions d’unités de 25 modèles ont été produites en 1937
En 1937, Sergey Alekseevich Matveev est nommé directeur de l’usine, qui la dirige jusqu’en 1939.
En 1940, avec l’augmentation de la menace de guerre, la fabrique réduisit la production d’horloges domestiques, transférant certaines sections à la fabrication de produits militaires. Au cours du premier semestre, seuls 66 000 montres, 163 000 réveils et 76 000 montres de poche ont été produits.