Les ZIM des 400 ans de Kouïbychev

Tout d’abord un peu d’histoire. La victoire de la Grande-principauté de Moscou sur les Mongols à la bataille de Koulikovo en 1380 renverse le rapport des forces en Russie. La Horde d’or commence à se morceler avec la création du Khanat de Crimée en 1430 puis celle du khanat de Kazan en 1438 et enfin celle du khanat d’Astrakhan en 1466. Le khanat de Kazan comprend la région de Samara au niveau de sa limite méridionale et des raids en partent pour piller celles-ci. La Russie monte en puissance en unifiant toutes les principautés russes. En 1552, le tsar Ivan le Terrible prend Kazan. En 1586, une forteresse est construite à l’emplacement de Samara et une garnison y est installée. C’est la date de naissance de la ville de Samara

L’expansion territoriale russe sous Ivan le Terrible
Représentation de Samara à sa création

En 1935 et 1991, la ville de Samara s’appelle Kouïbychev (Куйбышев), en l’honneur de Valerian Kouïbychev, un révolutionnaire entré au parti bolchevik en 1904. Arrêté et emprisonné en 1906, en février 1908, en 1910. Il s’enfuit et reprend le travail clandestin et est arrêté en 1916. Libéré par la révolution de février, il s’installe à Samara où il est élu à la tête du soviet de la ville.

Il combat l’amiral Koltchak pendant la guerre civile comme commissaire et membre du Conseil militaire révolutionnaire de la 1re armée et de la 4e armée rouges. A partir des années ’20, il va prendre des responsabilités de plus en plus importante dans l’économie soviétique (membres du Soviet suprême pour l’économie, commissaire du peuple à l’inspection ouvrière et paysanne, responsable du Conseil suprême pour l’économie et directeur du Plan d’État jusqu’à sa mort. Un des quartiers de la ville porte encore son nom. La ville va connaître une croissance extraordinaire sous le régime soviétique.

Kouïbychev à sa 4e arrestation en 1916
Kouïbychev directeur du Gosplan

Plusieurs motifs apparaissent sur les cadran. Sur le cadran de la montre figure le monument à la Gloire, place de la Gloire.

(collection Sebastián Pedra)
(photo: sovietaly)
(collection B. Hanoï)

Ce monument d’acier date de 1968. Il surplombe la Volga au nord-ouest et est dédié aux travailleurs de l’industrie aéronautique de Kouïbychev, qui ont travaillé dur pendant et après la guerre. Le monument est l’un des symboles les plus importants de Samara. Les sculpteurs moscovites Pavel Bondarenko, Oleg Kiryouhine et l’architecte A. Samsonov ont créé une figure de 13 mètres de haut, en acier fortement allié avec des ailes levées au-dessus de sa tête et un socle de quarante mètres. Le socle symbolise le rayon de lumière montant vers le ciel.


Le monument a été érigé entre 1968 et 1971 pour les dons des travailleurs de Kouïbychev et d’autres membres du personnel des usines de production. Chaque travailleur ne pouvait donner qu’un seul rouble. Kouïbychev était le principal centre de l’industrie aéronautique de l’Union soviétique pendant la guerre. 28 000 avions d’ attaque au sol Ilyouchine Il-2 et Ilyouchine Il-10 ont été fabriqués dans les fabriques N°1 et N°18 de Kouïbychev, soit 80% de la production totale de ce qui reste l’avion militaire le plus produit dans l’histoire.

Une des montres a d’ailleurs pour motif le monument à l’Ilyouchine Il-2:

(collection Sebastián Pedra)


Cet avion a été abattu en 1943 au-dessus de la Carélie, mais le pilote, K. Kotlyarovsky, gravement blessé, a réussi à poser l’avion en catastrophe près du lac Oriyarvi. L’avion a été restitué à Kouïbychev en 1975 et a été exposé à l’intersection de deux routes principales comme symbole des exploits des soldats du front intérieur et des pilotes de l’armée de l’air pendant la guerre

La ville s’engagea ensuite dans la production de chasseurs à réaction MiG-9 et MiG-15 ainsi que de bombardiers à réaction Il-28 et Tu-16. C’est là aussi, dans la Fabrique n°1 devenue Fabrique « Progress », que furent produit les fusée cosmiques R7, lance-Spoutnik et lance-Vostok ainsi que sa dérivée, la fusée Soyouz, la fusée la plus construite (plus de 1.700 exemplaires lancés en orbite!).

A l’avancée des armées hitlériennes, l’une des entreprises évacuées de Moscou fut la 1ère Fabrique d’État de roulements (1GPZ, créée en 1932). Elle a été réinstallée à Lindov (municipalité incorporée à Kouïbychev). En septembre 1941, les équipements et travailleurs de la 1GPZ (y compris son directeur Y. S. Yousime et l’ingénieur en chef Hertz B. Lurie) s’installèrent dans ce qui allait devenir la 4GPZ, la 4e Fabrique d’État de roulements. En octobre 1941, plus de 1.500 personnes et plus de 1.000 pièces d’équipements étaient arrivés. Au total, 3.000 travailleurs et employés ont été évacués de Moscou à Kouïbychev.
Le 21 novembre 1941, les 3000 premiers roulements produits étaient envoyés à l’usine de tanks de Tchéliabinsk pour la construction de chars T-34. Des femmes et des adolescents de Kouïbychev et des villages environnants furent engagés dans la fabrique. Pendant les années de guerre, la fabrique a produit environ 50 millions de roulements et a reçu en 1943 l’Ordre de Lénine.
Entre 1965 et 1985, la fabrique a multiplié par 3,5 sa production (en terme de valeur). En 1990, la veille de l’effondrement de l’URSS, la fabrique produisait 20% de tous les roulements du pays en termes de quantité et 40% en termes de nomenclature – soit 250 millions de roulements par an. La fabrique approvisionnait 4.000 entreprises soviétiques et exportait sa production dans 40 pays.

Pour en revenir aux montres des 400 ans de la ville, certaines ont des cadrans à motifs folkloriques:

(collection Sebastián Pedra)
(collection Sebastián Pedra)

Une autre a pour motif le monument à Tchapaïev:

(collection Sebastián Pedra)

pour en savoir plus sur Tchapaïev, sur ce monument et sur les ZIM qui le représente: voir ici
D’autres ont un motif de chèvre sauvage:

(collection Sebastián Pedra)
(collection Sebastián Pedra)

En 1729-1730, sous l’impératrice Anna Ioannovna, des armoiries furent dessinées pour le régiment de garnison de Samara, dont le symbole était une chèvre sauvage blanche.
Devenue district en 1780 sur décision de l’impératrice Catherine II, Samara reçoit le 22 décembre 1780 ses premières armoiries : une chèvre sauvage blanche (plus tard argentée) sur une herbe vert émeraude sur le champ azur de l’écu français.

Le 16 mai 1985, les nouvelles armoiries de Kouïbychev, créées par l’architecte V.A. Lyapin, ont été approuvées. Sur l’écu noirci – le Monument de la Gloire entouré d’une roue dentée et une gerbe de blé, en dessous un écu avec les armoiries historiques de Samara dont les cornes sont celle d’un mouflon. Sous le bord supérieur de l’écu se trouve une stylisation du drapeau de la RSFSR.

En 1998, la région et le conseil municipal de la ville, qui a repris son nom de Samara, revient à l’ancien motif surmonté d’une cournne:

La fabrique ZIM n’a pas seulement produit des montres pour les 400 ans de la ville, elle a aussi produit un modèle de bracelet, avec les armoiries de la ville estampées sur la boucle avec la mention 100 лет Куйбышев:

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