Les chemins de fer soviétiques (et leurs montres)

L’histoire des chemins de fer en Russie commence en 1834, lorsque le célèbre ingénieur Franz von Gerstner arrive à Saint-Pétersbourg. L’Autrichien, qui avait étudié en profondeur ce type de transport naissant en Europe, est venu en Russie pour examiner les installations minières de l’Oural. En janvier 1835, il a ainsi présenté une note rédigée à l’intention de l’empereur Nicolas Ier, dans laquelle il soulignait la valeur potentielle du transport ferroviaire pour un État comme la Russie.

Le 21 mars 1836, le tsar signe un décret lançant la construction de la première voie ferrée en Russie, baptisée Tsarskosselskaïa, qui reliait la gare Tsarskoselski de Saint-Pétersbourg, Tsarskoïé Selo, où résidait la famille impériale russe, et Pavlovsk. Le gouvernement prévoyait d’observer comment cet axe limité résisterait aux conditions de l’hiver russe et de procéder à une évaluation plus approfondie en fonction des résultats.

La construction rapide du premier chemin de fer a ainsi commencé. Afin d’augmenter la capacité du chemin de fer, il est décidé que l’écartement des rails en Russie serait de 1 829 mm, plus large que celui de 1 435 mm qui avait été adopté comme norme en Angleterre. Les premiers essais (avec des chevaux à la place des locomotives à vapeur pour tirer les wagons) s’étant avérés concluants, la première locomotive a été commandée en Grande-Bretagne. Le premier train en Russie était composé d’une locomotive à vapeur et de huit voitures a été inauguré solennellement le 11 novembre 1837:

Le 1er novembre 1851, le chemin de fer Nikolaïevskaïa, long de 645 km, a été lancé, reliant Saint-Pétersbourg et Moscou. Deux gares identiques ont été construites dans les deux capitales. Le boom du chemin de fer en Russie s’est produit dans la seconde moitié du XIXe siècle. Des entreprises étrangères participent à la construction de chemins de fer et de matériel ferrovière en Russie. La défaite russe dans la guerre de Crimée mit en lumière la faiblesse des moyens de transport de l’Empire et fit de la construction de nouvelles lignes un impératif stratégique.

En 1875, plus de 20 000 km de voies ferrées avaient été posés et, à la fin du XIXe siècle, la longueur du réseau ferroviaire russe était de 53 200 km. Au début des années 1900, 22 600 km supplémentaires ont été ajoutés. Le chemin de fer le plus célèbre du monde, le Transsibérien, qui relie la Russie occidentale et l’Extrême-Orient russe, a quant à lui été bâti entre 1891 et 1916. Il reste la plus longue voie ferrée au monde, s’étendant sur près de 9 500 km.

Un convoi en 1905:

Voiture-chapelle du Transsibérien:

Après la révolution, le Commissariat du peuple aux affaires ferroviaires de la République Socialiste Fédérative de Russie (Наро́дный комиссариа́т путе́й сообще́ния РСФСР) a été créé par décret du 2e Congrès panrusse des Soviets du 26 octobre (8 novembre 1917). La guerre civile fait à la fois un grand usage des trains (et notament des trains blindés) mais laisse les chemins de fer russe dans un étant épouvantable.

Un train blindé pendant la guerre civile:

En 1923, après la formation de l’URSS, le Commissariat du peuple aux chemins de fer de la RSFSR a été transformé en Commissariat du peuple aux transports de l’Union soviétique (Народный комиссариат путей сообщения СССР). Le commissaire du peuple était le président de la Tchéka, F. E. Dzerzhinsky.

En 1932, le Conseil des Commissaires du Peuple décide de reconstruire les chemins de fer. Cette décision prévoyait : le renforcement de la voie par la pose de rails plus lourds, la généralisation du ballast en pierre concassée, la création de puissantes locomotives à vapeur (FD, IS), de voitures lourdes à 4 essieux, le passage du matériel roulant aux freins automatiques et attelage automatique, création de systèmes de blocage semi-automatiques et automatiques, mise en place d’une centralisation mécanique et électrique des flèches et des signaux, etc. Le développement est rapide et l’imagerie de la locomotive, du train du progrès vers le communisme, est omniprésente dans l’iconographie soviétique.

Le train express Moscou-Leningrad:

La construction de la voie ferrée Turkestan-Sibérie, le « TurkSib », long de 2 375 km et mis en service en 1931 était un des grands travaux du Premier Plan quinquennal, en Union soviétique. Le responsable des travaux était un ancien anarcho-syndicaliste américain d’origine russe, Vladimir « Big Bill » Chatov, qui avait rejoint la Russie après la Révolution d’Octobre et était vice-commissaire des chemins de fer. Un film à la gloire du chantier, intitulé Turksib, réalisé en 1929 par Victor Tourine, d’après un scénario de Victor Chklovski.

En 1940, la longueur opérationnelle du réseau atteignait 1 06 100 km, le transport de marchandises s’élevait à 592,6 millions de tonnes. Pendant la guerre patriotique, la partie européenne du réseau ferroviaire a été presque entièrement détruite, 40 % des wagons et 50 % des locomotives ont été perdus. Malgré cela, le transport ferroviaire assurait pleinement le transport militaire et la livraison des marchandises au front, et des trains blindés participaient au combat:

Un convoi hitlérien après une attaque des partisans soviétiques:

En 1946, le NKPS de l’URSS fut transformé en ministère des Chemins de fer de l’URSS (MPS)[5].
Commissaires du peuple aux chemins de fer de l’URSS. Le ministère des Chemins de fer de l’URSS en 1946 par transformation du Commissariat du peuple aux chemins de fer de l’URSS. Dans la période d’après-guerre, après avoir achevé la restauration de l’économie détruite, le ministère des Chemins de fer de l’URSS a pris l’initiative du développement et de la modernisation à long terme (20 ans) du transport ferroviaire. Le programme prévoyait une électrification plus poussée, l’introduction de la traction diesel, l’automatisation et la mécanisation de la production et des processus, ainsi que la reconstruction des usines d’ingénierie des transports. En 1954, le ministère de la Construction des Transports de l’URSS a été séparé du ministère des Chemins de fer de l’URSS.

« L’URSS: une grande puissance des chemins de fer »:

Uniformes et grades des chemines de fer soviétiques dans l’après-guerre:

Locomotive tye 142 « Joseph Staline » (début des années ’50):

Le réseau soviétique en 1960:

Grâce à la mise en œuvre du programme en 1975, la longueur du réseau a augmenté de 176 000 km, les volumes de transport ont été multipliés par 3 (3 621,1 millions de tonnes) ; 51,7 % du transport était effectué par des locomotives électriques et 47,9 % par des locomotives diesel ; 38,9 mille km ont été électrifiés ; 624 000 km sont équipés d’un verrouillage automatique.

En 1982, un plan de développement de l’industrie ferroviaire a été proposé, basé sur la stratégie d’introduction de technologies intensives dans toutes les parties du convoyeur de transport, basées sur l’automatisation de la production et une mécanisation plus large du travail manuel. En 1972 est lancé le grand chantier de la « magistrale Baïkal Amour ». BAM est une route incroyablement difficile en termes de géographie, en plus de la ligne principale elle-même, les constructeurs ont construit des ponts et des tunnels. La longueur totale du chemin de fer est de 4 324 km, l’itinéraire traverse 11 grandes rivières, 140 ponts ont été construits, 8 tunnels ont été percés. La construction s’est terminée le 29 septembre 1984.

Voir ici l’article sur le chantier BAM et ses montres

Affiche du chantier BAM:

Un convoi de minerais dans les années ’80:

Le Transsibérien dans les années ’80 (locomotive électrique VL-70):

En Union soviétique, plus de 70% des marchandises étaient acheminées par chemin de fer. À la fin des années 1980, la longueur opérationnelle du réseau ferroviaire en URSS était d’environ 145 000 km. Le réseau comprenait 32 chemins de fer et plus de 11 000 gares. En 1988, le volume de trafic le plus élevé a été atteint: 4 116 millions de tonnes de marchandises et 4 395,9 millions de passagers. En 1990, les chemins de fer soviétiques exploitaient 147 000 kilomètres de lignes et transportaient la moitié du tonnage de marchandises mondial sur 10 % du kilométrage du voies ferrées.

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source 2
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