Le Gostrust Tochmekh, qui a présidé à la naissance de l’industrie horlogère soviétique, fut dissous au début du 2e plan quinquennal en 1933. Le principal commissariat « industriel » était alors le Commissariat du peuple à l’industrie lourde de l’URSS, (Народный комиссариат тяжёлой промышленности СССР) qui avait été créé le 5 janvier 1932.
Ce Commissariat du peuple était composé de grandes Directions (direction de l’industrie aéronautique , Direction de l’industrie de l’armement et des munitions, Direction de la construction navale, Direction de l’industrie chimique, Direction de l’industrie de l’azote, Direction de l’industrie électrique etc.). L’industrie horlogère relevait de la Direction des machines de précision (Главточмаш, Glavtochmekh).
Le commissariat est dirigé par Grigory Constantinovitch Ordjonikidzé. Ce géorgien, militant révolutionnaire depuis 1903, bolchevik dès le début, avait surtout milité à Bakou, où il fait la connaissance de Staline. Arrêté plusieurs fois, évadé, exilé, il participe à la révolution d’Octobre puis à l’instauration du pouvoir soviétique dans le Caucase. Président de la Commission centrale de contrôle du parti de 1926 à 1930, membre du Comité central puis du Politburo. Il est nommé à la tête du Conseil suprême de l’économie nationale. Il est commissaire du peuple à l’industrie lourde en 1932 et supervise, à ce titre le premier plan quinquennal. Souffrant de lourds problèmes cardiovasculaires il s’oppose à Staline concernant la purge des cadres de l’industrie. Ordjonikidzé avait lieu de craindre d’être lui même la cible des purges. Il s’est suicidé le 18 février 1937 à Moscou. Il est inhumé dans la nécropole du mur du Kremlin, un ville et de nombreuses fabriques et écoles portent son nom.
Il est remplacé à la tête du commissariat par Valery Ivanovich Mezhlauk. Ce Letton né à Kharkov en 1893 avait rejoint le mouvement révolutionnaire en 1907. Après la révolution russe, Mezhlauk devient dirigeant soviétique à Kharkov. Pendant la guerre civile, il a été commissaire militaire provincial à Kazan ; commissaire du peuple aux finances de l’éphémère République soviétique de Donetsk ; membre du comité régional du Parti communiste ukrainien du Donbas ; membre du commandement militaire de Donetsk et du Conseil militaire révolutionnaire de plusieurs armées rouges, puis commissaire militaire du peuple d’Ukraine. De 1920 à 24, Mezhlauk a de hautes responsabilités dans les transports. En 1924, il est muté au présidium du Conseil suprême de l’économie nationale.
En novembre 1931, Mezhlauk a été nommé premier vice-président de l’Agence de planification de l’État (Gosplan). Il en est nommé président en avril 1934, puis vice-président du Conseil des commissaires du peuple de l’URSS et membre Comité central du Parti communiste. Auteur de nombreux ouvrages sur l’économie socialiste, Mezhlauk remplace Ordjonikidzé comme commissaire du peuple à l’industrie lourde de l’URSS, avant d’être fut victime des purges staliniennes (il sera exécuté le 29 juillet 1938).
Il est remplacé à la tête du Commissariat par Lazare Moïsseïevitch Kaganovitch.
Lazare Kaganovitch est issu d’une famille juive des environs de Kiev. Il travaille dès son enfance comme apprenti cordonnier et adhère au bolchévisme en 1911 et se fait remarquer par Lénine. Il dirige le pouvoir soviétique à Nijni Novgorod en 1918, et remplis différentes fonction politico-militaires pendant la guerre civile, notamment en Asie centrale. Membre du comité central en 1924, premier secrétaire du Parti communiste ukrainien de 1925 à 1928, titulaire du politburo en 1930.
De 1930 à 1935, il est premier secrétaire du Parti à Moscou, où il se distingue par son action dans la modernisation de Moscou. Jusqu’en 1939, il est également l’un des trois secrétaires du Comité central, adjoint de Staline, supervisant notamment successivement l’industrie, l’agriculture et les transports.
Kaganovitch joue un rôle de premier plan lors de la famine en Ukraine, consécutive à la collectivisation forcée et aux réquisitions des céréales.
Il devient commissaire du peuple à l’industrie lourde de l’URSS, avec donc autorité sur l’industrie horlogère, en 1938, peut avant la suppression de ce commissariat.
Après la mort de Staline, Kaganovitch devient ministre du Travail et des Salaires. En 1957, il remplace Khrouchtchev pour quelques mois au poste de premier secrétaire du Parti en Ukraine et contribue à la montée au pouvoir de ce dernier. Avec Molotov et Vorochilov, il s’oppose à la politique de ce dernier et est démis de ses fonctions gouvernementales et politiques en 1957.
Le 24 janvier 1939, le « super-commissariat » est aboli ; sur sa base ont été créés le Commissariat du peuple à l’industrie des combustibles de l’URSS, le Commissariat du peuple à la métallurgie des métaux ferreux de l’URSS, le Commissariat du peuple à la métallurgie des métaux non ferreux de l’URSS, le Commissariat du peuple aux centrales électriques et à l’industrie électrique de l’URSS, le Commissariat du peuple à l’industrie chimique de l’URSS et le Commissariat du peuple à l’industrie des matériaux de construction de l’URSS.
Mais déjà, le 8 décembre 1936, le Commissariat du peuple à l’industrie de la défense de l’URSS en avait été séparé et, le 22 août 1937, le Commissariat du peuple à la construction mécanique de l’URSS (Наркомата машиностроения СССР). C’est ce dernier Commissariat, qui avait autorité sur les fabriques horlogères.
Il devient le 5 février 1939 le Commissariat du peuple de l’URSS pour la construction de machines générales (Народный комиссариат общего машиностроения СССР), jusqu’à la réorganisation de l’industrie de guerre du 26 novembre 1941. Il est alors dirigé par Piotr Parchine. C’est sur ordre de ce Commissariat qu’est fondé, 7 septembre 1940, le fameux Institut de recherche pour l’industrie horlogère, le NII Chasprom.