Ces horloges à poids et à cadran illustré, typiques, étaient produites à la fin du XIXe siècle dans le district de Zvenigorod, dans la province de Moscou, et plus particulièrement à Charapovo.
C’était de simples horloges mécaniques avec un pendule et des poids, avec un cadran de bois ou d’étain, peint puis imprimé. Les khodiki étaient accrochées dans de nombreuses maisons paysannes, pas assez riches pour s’offrir une horloge murale avec sonnerie. En 1914, les ateliers de Charapovo produisaient 95.000 horloges par an, approvisionnant Moscou, les villes de la Russie européenne et même partiellement la Sibérie en horloges murales bon marché.
La campagnes russe était misérable, les statistiques de 1913 indique que sur 50 ménages paysans de Charapovo, seulement sept avaient assez de terre pour récolter suffisamment de blé pour faire leur pain jusqu’à la prochaine récolte. Plus de la moitié des ménages n’avait qu’au maximum un vache pour tout cheptel. Il était facile dans ces conditions de trouver des bras à louer.
À la veille de la Première Guerre mondiale, la production de khodiki dans la région de Moscou s’est considérablement développée et leur production annuelle a atteint, selon diverses sources, de 1,5 à 2,0 millions de pièces.
C’est une certain Gerasim Afanasyev qui a ouvert le premier atelier d’horlogerie, en 1875. Mais c’est Vassili Illich Platov qui fut, de loin, le plus grands fabricants d’horloges de Charapovo. Platov construisit une fabrique en brique, alors qu’ailleurs dans le district, on travaillait artisanalement dans des maisons de bois. Il a participé à de grandes foires, notamment celle de Nijni-Novgorod, a reçu des prix pour ses produits. Il avait également un jeune frère Stepan, qui avait sa propre production horlogère, bien que plus petite en volume. En 1906, Platov employait 110 travailleurs dans sa fabrique et 50 travailleurs à domicile, qui produisaient 50.000 horloges par an. Il poursuivit sa croissance et sa concurrence allait provoquer la fermeture de nombreux petits ateliers… dont les patrons et les travailleurs allaient chercher du travail chez Platov.
Les fabriques de Charapavo, à commencer par celle de Vassili Platov, comme de nombreuses entreprises horlogères, furent transformée en coopératives à la révolution. Platov, dont les compétences étaient reconnues, devint administrateur de la coopérative horlogère « L’Heure Précise », non loin de Charapovo, dans la localité de Golitsino.
Voir ici pour l’histoire de cette coopérative
La Fabrique Platov, comme toutes les entreprises horlogères étaient sous l’autorité du Gostrust Tochmekh. Celui-ci organisa, qui, à partir de 1922, avec des travailleurs de Charapavo, une production de khodiki à la Fabrique Aviapribor à Moscou. Cette production fut transférée ensuite à la 2e Fabrique de Montres de Moscou qui absorba la production Aviapribor. Ces khodiki étaient basées sur le mécanisme ЧX. Une petite production s’est cependant poursuivie dans les années ’30 à Charapavo.
Les khodiki étaient tellement populaires en Russie que la production s’est perpétuée. C’est la Fabrique d’Horloges de Serbodsk qui, en 1944, a pris le relais de la 2e Fabrique de Montres de Moscou pour la fabrication des khodiki.
Pour en revenir à Vassili Platov, il a vécu à Moscou, en Ukraine, à Mogilev-Podolsky, où il a également aidé à développer une production horlogère. Il a travaillé en Ukraine pendant trois ans, jusqu’à ce qu’en 1933 il soit accusé de sabotage. Il ne fut condamné qu’à une interdiction de vivre dans les grandes villes. Au début des années ’40, il a déménagé à Ivanovo avec son frère Stepan qui avait été arrêté et condamné à 10 ans. Stepan serait mort en détention, Vassili vécut à Ivanovo pendant la guerre, puis partit pour Moscou vivre avec son fils aîné. Là, il mourut de mort naturelle en 1953.
Sources:
http://forum.watch.ru/showthread.php?t=475943
https://mosregtoday.ru/geroi-podmoskov-ya/mariya-lobanova-vi-platov–znakovoe-imya-chasovogo-dela-v-rossii/
https://polytech.bm.digital/artefact/161875321862250496/hodiki-fabriki-vasiliya-platova