Les montres « ZAKAZ » et le Voentorg

Les montres dites « ZAKAZ » sont celle qui portent sur le cadran la mention « ZAKAZ MO CCCP » (construit sur ordre du ministère de la Défense de l’URSS), contrairement à toutes celles qui portent la mention « Сделано в СССР » (construit en Union soviétique).
En 1965, le Ministère de la Défense de l’URSS a commandé à la Fabrique de Montres de Tchistopol la production d’une montre destinée à récompenser les militaires: la Komandirskie. Comme les montres n’étaient pas destinées à la vente libre, elles portaient cette fameuse mention « ZAKAZ MO CCCP ».

Une Komandirskie « ZAKAZ » (collection B. Hanoï)

Cette mention apparue sur les Komandirskie a conduit à la légende (entretenue par des vendeurs peu scrupuleux) qu’il s’agissait de montres de service, de dotation, donc réservées aux militaires. Cette légende s’est ramifiée à l’infini: les Komandirskie avec un petit tank étaient pour les tankistes, celles avec un sous-marin pour les sous-mariniers, etc.

En réalité, outre les exemplaires distribués comme récompense, les Komandirskie « ZAKAZ » étaient vendues les magasins du Voentorg.
Le Voentorg (acronyme de Bое́нная Tорго́вля, commerce militaire), fondé en 1918, était un système de distribution conçu pour répondre aux besoins quotidiens du personnel militaire, des personnes à leur charge et des ouvriers et employés de bureau servant dans l’armée et la marine soviétiques. Le Voentorg désservait les forces armées dans les villes, camps et garnisons militaires, lors des exercices sur le terrain et dans les forces de campagne.

« Une nouveauté pour les officiers! Dépêchez-vous de l’acheter! Komandirskie »
Affiche de la Direction Principale du Commerce du Ministère de la Défense de l’URSS (1965)
insigne commémorant les 60 ans du VoenTorg

À la fin d’un trimestre ou d’une année, les lots de Komandirskie « Zakaz » apparaissaient occasionnellement dans les magasins du Voentorg et ce stock était épuisés en deux ou trois heures.
Comme l’expliquait  Valentina Belova, une des conceptrices de la Komandirskie : « les civils appréciaient énormément la komandirskie, la montre de Tchistopol, ils l’ont considérée comme un cadeau « de général ». A l’époque soviétique, la montre était distribuée par le principal département du commerce du ministère de la défense de l’URSS, et un simple civil ne pouvait obtenir une komandirskie qu’en ayant de bonnes relations parmi les militaires. »
Et en ayant de l’argent car c’était des montres chères. Le prix variait à partir de 45 roubles (l’équivalent du salaire mensuel d’un ouvrier) – et il pouvait atteindre le double ou le triple à la revente.

Enfin à la fin des années 80 on pouvait se procurer  des Заказ dans les magasins ouverts aux touristiques ou à ceux (grâce au marché noir) qui payaient en devises étrangères. Jurmala en a fait l’expérience personnelle : lors de son séjour en URSS, en 1988, était notamment disponible à la vente une Заказ (une 341180) dans un magasin dont l’accès n’était absolument pas réservé aux militaires. A partir de 1989, une grande partie de la production de Заказ sera d’ailleurs destinée à l’exportation vers l’Italie, l’Allemagne, ou les USA.

En fait, les seules montres militaires au sens strict (de dotation) sont: la montre de plongée Zlatoust, la Shturmanskie 17 rubis des années 60, les premières Vostok 300 mètres, l’Okean des années ’70, et la Shturmanskie des années ’70 et ’80.

Cette montre en Заказ était disponible à l’export comme en témoigne les catalogues des années 70.


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