Le « douze rouge » et le « quatre horloger »

1. Le « douze rouge »

Dans de nombreuses montres-bracelets anciennes, le 12 du cadran est marqué en rouge. Certains font remonter le 12 rouge à l’apparition des montres-bracelets pour un usage militaire pendant la première guerre mondiale. Mais il apparait en fait bien avant, y compris sur les premières montres-bracelet pour dame.

La véritable raison des 12 rouges (ou plus rarement bleus) sur les premières montres-bracelets est que ces dernières étaient la combinaison d’un mouvement de montre « savonnette » (boitier avec un couvercle métallique qui protège le verre et qui doit être ouvert pour lire l’heure, avec le remontoir à 3 heures) dans un boîtier Lépine (à cadran apparent, avec le remontoir à 12 heures).

A gauche, une montre Lépine, à droite une « savonnette »


Parce que leur cadran était apparent, elles ressemblaient à première vue à une montre Lépine adoptée pour être portée au poignet, mais ils ne l’étaient pas et le 12 était à un endroit différent de celui où il pouvait être trouvé sur une montre Lépine normale. Le 12 a été choisi en couleur pour attirer l’attention sur ce point.

En Russie, dans l’ancien régime, les horlogers occidentaux qui produisaient de montres pour le marché local comme Gabus, Borel ou Moser ont adopté le design du « 12 rouge ». De nombreuses montres produites après la révolution avaient également ce design. La tradition du 12 rouge a été reprise notamment pour la première Pobeda :

(collection B. Hanoï)

voir ici la notice de cette Pobeda

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2. Le « quatre horloger »

Comme la majorité des systèmes de numération de l’Antiquité, celui des Romains est globalement régi par le principe additionnel : I = 1, II = 2, III = 3, IIII = 4, V = 5,…., VIIII = 9,…., XVIIII = 19,….., XXIIII = 24 pour ne se référer qu’aux seuls chiffres ultérieurement employés sur les cadrans d’horloges indiquant les vingt-quatre heures du jour.
Bien que, au cours de la période impériale, soit apparu le principe soustractif (IV pour IIII, IX pour VIIII, XXIV pour XXIIII, etc.), ce dernier, dit vulgaire, ne sera sauf exception jamais employé pour les inscriptions officielles, monumentales ou non, pas plus que sur les cadrans solaires.
Lorsque l’horloge à sonnerie des heures apparaît à la fin du XIIIe siècle et que les horlogers la dotent dès le XVe siècle d’un cadran, ces derniers font appel aux chiffres romains alors largement employés et figurant de surcroît sur les cadrans solaires. Cette tradition perdure lorsqu’en 1582, date de l’adoption du calendrier grégorien, les cadrans marquant alors les vingt-quatre heures de la journée ne sont plus divisés qu’en douze parties.
Le maintien du chiffre IIII assure la contrepartie du VIII et permet la constitution de trois groupes de quatre chiffres :
– avec I : I, II, III, IIII
– avec V: V, VI, VII, VIII
– avec X : IX, X, XI, XII

Le grande horloge de la gare d’Orsay

Il est probable qu’en poursuivant la tradition, les horlogers ont opté pour la notion d’équilibre rattachée à celle de l’équilibre cosmique. En effet les cadrans marquant les vingt-quatre heures du jour sont des représentations du mouvement apparent du soleil : six heures du matin et six heures du soir, heures du lever et du coucher du Soleil aux équinoxes de printemps et d’automne figurent sur l’axe horizontal du cadran, lequel rappelle l’horizon local; douze heures, moment ou l’astre est à la hauteur maximum de son parcours, sont placées au point le plus élevé du cadran; vingt-quatre heures, moment où l’astre est à sa hauteur minimale sont disposées au point le plus bas du cadran.
Il existe toutefois une raison supplémentaire de conserver le IIII : sur un cadran à chiffres rayonnants, les chiffres IIII, V, VI, VII et VIII plus où moins à l’envers sont dirigés vers le centre, le IV ainsi libellé prête à confusion.

Cette Luch adopte le « quatre horloger »

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