
Montre-bracelet, mécanique, de marque CAMY (gamme « Popular »
Boîtier de laiton chromé
Mécanisme : Poljot 2409 de la 1ère Fabrique de Montres de Moscou
Mentions sur le calibre :17 jewels, CAMY et logo logo de la marque, numéro de série sur la platine.
Date de fabrication : Le fond du boitier porte la date du 2 janvier 1962

Oubliée au jourd’hui, la fabrique de montres Camy était pourtant l’une des plus importantes de Suisse à la fin des années 1960, et des millions de montres dans le monde porte la marque à la colombe de la paix.
Originaires de Polotzk, autrefois russe et aujourd’hui en Biélorussie, les frères Maurice, Samuel et Naum (ou Nachum) Stroun créent une fabrique d’horlogerie à Granges en 1917.

La marque Camy est déposée en 1923.
En 1924, Samuel et Naum intègrent également le conseil d’administration de la Manufacture d’horlogerie Etna, entreprise créée en 1918 à Genève par un autre citoyen russe, Adolphe Neumann et qui dispose d’une succursale aux Etats-Unis.
En 1934, Naum quitte la société Stroun Frères et part à Genève pour continuer à gérer Etna, et il va dès lors créer de nombreuses fabriques d’horlogerie, seul ou en association avec Adolphe Neumann : Dione Watch, Tower Watch, Empire Watch et Geneva Watch Co. !
En 1943, Samuel et Maurice décident également de s’installer à Genève et de renommer leur société Camy Watch.

Les montres Camy sont des montres à ancre très classiques et abordables. En tant qu’établisseur, Camy profite des nouveautés que propose Ébauches SA, par exemple des montres automatiques au début des années 1950.
L’entreprise dont le logo est la colombe de la paix connait une progression, liée à une expansion à l’international, et au développement d’une profusion de nouveaux modèles : montres automatiques, montres-réveil, porte-clé avec montres, et de nombreuses montres de dame.
A partir de 1959, Camy va participer, avec d’autres fabriques de montres suisses, à une curieuse surenchère sur le nombre de rubis dans le mouvement. Ainsi certains modèles de 1959 affichent 41 rubis sur le cadran, et d’autres pas moins de 77 rubis en 1960.
Ci-dessous: au catalogue 1959:

Quelques noms de modèles apparaissent sur les cadrans dans les années 1960, comme Royal ou Jetking, mais il s’agit en fait de noms de gamme et non d’un modèle en particulier.
En 1964, Camy a en effet affirmé que deux cosmonautes russes, Titov et Gagarine, portaient un chronomètre Camy ! En 1964, la société genevoise Camy Watch a fourni aux cosmonautes soviétiques des montres de précision. Celles-ci étaient présentées comme des chronomètres, bien que la firme n’ait obtenu aucune certification officielle à l’époque. Rien ne prouve que Gagarine ou Titov aient porté une montre Camy. voir ici pour les montres et chronographes des cosmonautes soviétiques
En 1964, le magazine Europa Star mentionne les modèles de la marque genevoise Camy portés par les cosmonautes soviétiques Youri Gagarine et Guerman Titov:


Camy a lancé une gamme assez diversifiée évoquant le programme spatial soviétique, la gamme Sputnik. Ci-desous, une Camy Sputnik (on remarque ici aussi l’usage de Camy de graver sa marque sur les mécanismes qu’elle emboitait mais ne produisait pas):



En 1961, Camy a lancé, avec d’autres fabriques de montres suisses, une montre électrique grâce à la mise à disposition par Ébauches SA du calibre Landeron 4750 dont le balancier spiral est entretenu par un système électrique à pile. Mal accepté par les horlogers et n’apportant pas de gain de précision, ce calibre sera un flop commercial.
En 1962, pour augmenter ses capacités de production, Camy inaugure une nouvelle usine à Losone dans le canton du Tessin. En 1966, l’usine compte six lignes de fabrication et produit 1,5 millions de montres par an. Pour commercialiser certaines montres fabriquées à Losone, Samuel Stroun et son fils Jean créent dans cette même ville la société Stroun Frères, Borea Watch.


Au début des années 1960, Camy a lancé plusieurs montres de plongée, dont certaines équipées d’une boîte Piquerez Supercompressor.
Pour l’horlogerie suisse, les années 1960 sont celles des regroupements d’entreprises pour faire face à la concurrence. En 1967, Camy rejoint SAGITER qui est une plateforme de production créée par une dizaine d’établisseurs comme Invicta, Eska, Rado, Sandoz, etc.
En 1969, Camy inaugure une nouvelle usine à Genève. C’est un bâtiment remarquable pour l’époque fait d’un bloc de 50 mètres de long et 12 de large, reposant sur 4 piliers en béton. Les ateliers sont en hauteur, au-dessus des bureaux et il n’y a pas de cloison. Œuvre des architectes Francis et André Gaillard, le bâtiment est aujourd’hui inscrit à l’inventaire du canton de Genève.

Dans le domaine du design la créativité de Camy ne faiblit pas : nouveaux chronographes, nouvelles montres de plongée, gammes Seven Seas et Sea Club, etc. En 1970 Camy revendique plus de 400 modèles de montres !
Samuel Stroun décède en 1971 et c’est Jean qui le remplace. Jean Stroun prend également des responsabilités auprès de la Fédération Horlogère dont il deviendra vice-président en 1974.
Au catalogue 1973:

En 1972, la société Borea Watch est renommée Cronel Watch. Cette marque sera dédiée aux montres économiques. En 1973, Camy lance des montres électroniques (à diapason), mais les montres à quartz arriveront tardivement, en 1974.
Le nombre de nouveaux modèles ne faiblit pas pour autant. Les mouvements automatiques côtoient désormais les mouvements à quartz. Tous les modes d’affichage sont proposés : analogique, LED et LCD.
En 1977, Camy tente une diversification vers les composés électroniques avec la création de Delrix Electronic. Un appareil destiné au contrôle des montres à quartz, le Chronocapt, est ainsi proposé aux horlogers.
Camy va subir, comme tant d’autres fabricants suisses, la « crise du quartz » des années 1970 et 1980.Enzo Watch passe de 350 à 50 employés en 1985, et en 1987 Camy est profondément remaniée : Cronel devient Cronotec SA, Camy Watch devient Camotec SA et Camy SA est désormais une société de négoce. Cronotec et Camotec seront en faillite peu de temps après.
En 1991, Camy est reprise par le groupe chinois National Electronics qui prend la décision de produire des modules à quartz en Suisse. Pour cela, une nouvelle société Manufacture et Technologie du Mouvement SA (MTM) est créée à La Chaux-de-Fonds. Mais MTM fait faillite en 1998 et la marque Camy disparait.
Cette CAMY emboite un mouvement français Fe140 1C:



Source principale: Time2tell