A la fin des années ’60, la Fabrique de Montres de Petrodvorets propose une gamme de dress-watches pour homme de marque Raketa présentant sur le cadran la silhouette d’une réalisation technique remarquable dont l’URSS était fière: le Tupolev 104.
Plusieurs variantes existent (avec au moins trois type de boîtiers, chaque fois existant en chromé et en plaqué or, et avec au moins quatre types de cadran), mais le mécanisme est un 2609 « Rossia » à 16 rubis ou un Raketa 2609A« Baltika » (ou 2609Б) à 21 rubis.
Elles apparaissent au catalogue 1967 avec une mention supplémentaire pour le cinquantenaire de la Révolution d’Octobre. Elles disparaissent déjà au catalogue 1972.
Le Tupolev 104, mis en service en 1956, il est le deuxième appareil à réaction à effectuer des transports civils réguliers, après le De Havilland Comet brityannique, opérationnel depuis 1952. Il s’agit d’un biréacteur dont la conception dérive directement du bombardier stratégique Tu-16. Mais c’est avant même que le Tu-16 ne fasse son premier vol, qu’Andreï Tupolev avait réfléchi à la possibilité de construire un appareil qui en serait dérivé, pour l’aviation de ligne. Tupolev va donc greffer les ailes, le train d’atterrissage, les moteurs et l’empennage du Tu-16 sur un fuselage pressurisé conçu pour le transport de passagers.
C’était la conception d’un fuselage capable de résister pendant des milliers d’heures à des cycles de pressurisation/dépressurisation qui était le principal défi technique. Dans le Tu-16, seul le cockpit était pressurisé et les exigences en matière de durée de vie étaient moindres. Les contraintes sont plus complexes pour un avion de ligne : le volume à pressuriser est bien plus grand, et la structure comporte des ouvertures (portes, hublots). Ci-dessous, Un Tu-104 et, en dessous, un Tu-16, la différence d’épaisseur des fuselages est bien visible::
Avion révolutionnaire, il se révèle cependant délicat à piloter. Le premier groupe de pilote étaient d’ailleurs des pilotes militaires formés du Tu-16 et versés à l’Aeroflot. Le premier vol régulier a lieu le 15 septembre 1956, sur la ligne reliant Moscou à Irkoutsk, seulement quinze mois après le décollage du prototype. Aeroflot déploie ces avions sur les grandes lignes intérieures soviétiques, apportant une amélioration spectaculaire par rapport aux avions à moteurs à pistons, que ce soit en temps de trajet, en capacité ou en confort. À titre d’exemple, en octobre 1958 les Tu-104 prennent la relève des Il-14 sur la ligne reliant Moscou à Almaty, et le temps de parcours (avec escale) passe de 17 à 6 heures.
Cette période correspond à un très fort développement du transport aérien en URSS : le nombre de passagers transportés par Aeroflot, évalué à 2,5 millions en 1955, augmente d’année en année, jusqu’à atteindre 27 millions en 1962. Cette croissance est permise par la mise en service de nouveaux avions, dont le Tu-104, mais aussi les modèles turbopropulsés Antonov An-8, Antonov An-10 et Iliouchine Il-18. Dans les années 1960, Aeroflot est le plus grand transporteur aérien au monde.
Ci-dessous: quatre Tu-104 et un Ilyouchine Il-18 à l’aéroport de Voukovo, en 1971.
En 1954, à la suite d’une série d’accidents, le De Havilland Comet est retiré du service. Le Tu-104 devient, pendant deux ans, le seul avion de ligne à réaction opérationnel dans le monde. Nikita Khrouchtchev profita de cette situation pour faire forte impression n utilisant trois Tu-104 pour effectuer une visite officielle à Londres en mars 1956. Les performances surprenantes du Tupolev en font un instrument de propagande: il est présenté comme une démonstration de la supériorité du socialisme.
Sur cette affiche: le Tu-104 et les deux premiers Spoutniks:
L’avion n’est produit que pendant cinq ans, rapidement dépassé par de nouveaux modèles plus fiables (le Tu-104 connaitra plus d’accidents que les autres avions de ligne soviétiques) et dont la mise en œuvre est plus économique. Son influence sur l’industrie aéronautique soviétique est considérable, il inspire d’ailleurs assez largement la conception des avions de la génération suivante. Son successeur principal est le Tupolev Tu-154. Aeroflot retire ses derniers Tu-104 du service régulier en 1979. Quelques appareils volent encore pour des besoins militaires de liaison, jusqu’en 1981.