Les Raketa « fusée Soyouz »

Dans la deuxième moitié des années ’70 et dans la première moitié des années ’80, la Fabrique de Montres de Petrodvorets allait produire plusieurs modèles de marque : Raketa avec, sur le cadran, un motif de fusée Soyouz (marquée СОЮЗ) dans un disque de couleurs irisées dégradées allant de l’orange au bleu. Ce cadran est placé au centre de la montre, sous un autre élément portant l’index et dont il existe au moins six types différents (avec seulement des traits ou avec une combinaison de traits et de chiffres, sur fon blanc ou sur fond bleu, pour boitier de type « UFO ».
Les mécanismes étaient des Raketa 2609.HA ou Raketa 2609.HП pour les mécanismes embarquaées dans des boitiers de type: 041 (chromé), 043 (plaqué or), 341 « UFO » (chromé) ou 343 « UFO » (plaqué or), 881 (chromé) ou 883 (plauqé or).
Des mécanismes Raketa 2628H (à dateur) ont aussi été emboité dans dans Raketa Soyouz « UFO ».
Différentes histoires contradictoires ont couru sur l’origine de ce modèle (voir ici) sans rien de réellement probant ou sourcé. Il semble toutefois qu’une production officielle dans les années 80 ait été suivi, en 1992, dans cette période grise où les ouvriers non payés se rétribuaient en nature et où se multipliaient les trafics et traficotages, par une petite production artisanale non officielle où des cadrans « fusée Soyouz » ont été placés sur des boitiers divers, comme le 881.

Quelques modèles:

Au catalogue « Montres-bracelets pour hommes et femmes » de Roskooptorgreklama » de 1985:

Un montage très suspect typique 1992:

Le dégradé de couleur (orange en base, bleu en haut) illustre le décollage de la fusée qui est marquée Союз, Soyouz, autrement dit « Union » comme dans Union Soviétique…

Décollage d’une fusée Soyouz

La conception de cette fusée remonte aux années 1950 et qui a été utilisé initialement pour lancer les vaisseaux avec équipage du programme Soyouz. Cette fusée d’un peu plus de 310 tonnes et 46 mètres de haut peut placer une charge utile de plus de 7 tonnes en orbite basse.
Le lanceur Soyouz a été mis en service en 1966. Il s’agissait d’une évolution du lanceur Voskhod lui-même dérivé du missile balistique intercontinental R7 (l’engin qui a lancé le Spoutnik) par adjonction d’un troisième étage.
Le lanceur comporte dans sa version standard 3 étages. La fusée a connu de nouvelles évolution (« Molnija », avec un quatrième étage, « Soyouz-U », plus puissante, U2, plus puissante encore …).

L’évolution du missile R7 au Soyouz en passant par les différents lance-spoutnik, puis au Vostok de Gagarine (le dernier de la première rangée) et au Voskhod (pour les premiers vols multiplaces).

Les Américains peinaient à mettre au point un lance-satellite, principalement parce que la métallurgie de l’époque n’arrivait à pas à produire des métaux susceptibles de faire des chambres de combustions assez volumineuses pour une production d’énergie suffisante et assez résistante pour qu’un tel dégagement d’énergie ne la fasse pas fondre et exploser. De leur côté, les concepteurs soviétiques, avec à leur tête le brillant et légendaire Korolev, ont astucieusement contourné le problème en concevant une fusée en « botte d’asperges »: le « premier étage » de la fusée est constitué de quatre propulseurs attachés autour du second étage. Chaque propulseur comporte un moteur unique qui alimente quatre chambres de combustion (ainsi que deux petits moteurs verniers).

Une fusée Soyouz se dirigeant vers son aire de lancement: on voit bien la conception en « botte d’asperges » et les 20 tuyères des 20 chambres de combustions principales.

Grâce à sa fiabilité et son faible coût de production, le lanceur Soyouz reste massivement utilisé. C’est de loin la fusée la plus utilisée dans l’histoire avec près de 2.000 fusées tirées (avec un taux de réussite proche de 98%). Depuis le retrait du service de la navette spatiale, c’est est le seul véhicule capable d’envoyer des humains dans l’espace (avec dernièrement les fusées chinoises). Toutes les fusées Soyouz sont construites dans la fabrique Progress, à Samara. A l’époque de cette montre, dans les années ’80, la fabrique Progress produisait jusqu’à 60 fusées Soyouz par an!. Dans le cadre d’accords commerciaux avec Arianespace le lanceur Soyouz peut être lancé depuis fin 2011 depuis Kourou.

A-côté horloger: La société horlogère zurichoise Werenbach (voir ici et ici) produit des montres dont le boîtier est fait d’un alliage fabriquée à partir du revêtement et des propulseurs des fusées du premier étage récupérées dans les steppes kazakhes.

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