Montre bracelet, mécanique, commémorative, de la Fabrique de Montres de Minsk
Marque : Луч (Luch, « Rayon »)
Modèle de base à ce modèle commémoratif : 2209/973645
Boîtier de laiton plaqué or
Type de fermeture du fond : A bague (6 mors)
Gravure sur le fond : 4634429
Mécanisme : Luch 2209 à 23 rubis (métal jaune)
Mentions sur le calibre : SU, 2209 et 21 камней sur un pont
Date de fabrication : 1981
Largeur sans couronne : 36mm
Largeur avec couronne : 38mm
Dimension de fixation à fixation : 42mm
Épaisseur : 9mm
Entre-cornes : 18mm
La Fabrique Svema (Свема, acronyme de Светочувствительные Материалы – « Matériaux photosensibles ») était située à Shostka, dans l’oblast de Sumy, en Ukraine. Elle a été fondée en 1931 et était le principal fabricant de films photographiques en URSS. Pendant l’ère soviétique, Svema a produit 300 types de films photographiques et cinématographiques, ainsi que du papier photographique, des films radiographiques, des bandes magnétiques pour les enregistrements vidéo et sonores. L’URSS possédait également la Fabrique chimique de Tasma, à Kazan, et la Fabrique cinématographique de Pereslavl. La plupart des films soviétiques se terminaient par la mention « Фильм выпущен на кинопленке п/о Свема »: « Film produit sur Svema ».
En dépit d’une demande considérable de films et de matériel photographique à des fins civiles et militaires, jusqu’au début des années 1930, l’Union soviétique ne disposait pas de sa propre industrie chimico-photographique et les films étaient importés de l’étranger. Ils étaient chers et payés en or.
Des négociations visant à établir la production de films en URSS ont été menées avec les principales entreprises étrangères Eastman-Kodak, Agfa-Gevert, Dupont de Nemours et autres à partir de 1921. Mais en vain. Ce n’est que le 21 août 1926 qu’un accord de concession est signé avec la société française Société industrielle de la plastique. Selon ce contrat, la société CIMP s’est engagée à mettre en place une production à Pereslavl. Le 1er septembre 1928, un contrat a également été conclu à Paris avec la firme Lumière, aux termes duquel cette dernière s’engageait à fournir une assistance technique à l’URSS pour organiser la production à Shostka de toutes sortes de films (film, film aérien, film radiographique et film d’enregistrement sonore) avec une capacité de production de 50 millions de mètres courants de film par an.
Shostka avait a été choisie parce que la production du film présentait des similitudes avec la production de nitrocellulose et de poudre sans fumée. Et des fabriques de poudre à canon fonctionnaient à Shostka depuis deux siècles.
Mais les entreprises françaises dénoncèrent leurs obligations contractuelles peu après avoir vendu les équipements, en refusant le transfert des technologies. Les équipes des fabriques de Pereslavl et de Shostka ont dû installer les équipements et maîtriser la nouvelle production sans aide étrangère. En conséquence, les technologues locaux, dirigés à Shostka par Pavel Kozlov, ont mis au point leur propre formule de production de films.
Les deux fabriques ont été mises en service en 1931. Il a fallu deux mois pour préparer le lancement de la production, et un sérieux travail d’ingénierie chimique. Pour la production du film, il était nécessaire de produire de la koloxyline, mais l’agent chimique produit par les usines de poudre à canon n’était pas de qualité suffisante. Il manquait de viscosité. Ce problème a été résolu par le professeur Alexander Machkine.
Pendant les trois premières années, l’usine (qui s’appelait « Fabrique de film n°6 de Shostka ») a employé 130 personnes et a réussi à produire environ trois millions de films en utilisant la technologie de Pavel Kozlov. En 1937, le film « Le Grand Citoyen », tourné pour la première fois sur un film Shostka modèle SChS-1 (photosensible, soviétique, premier type), est sorti. Ce film en deux parties racontait la vie et la mort d’un leader communiste, Chatov (qui évoque Kirov).
Les années d’avant-guerre ont vu la production en masse d’un certain nombre de nouveaux types de films négatifs aux propriétés photographiques améliorées. Le développement de l’industrie soviétique a permis, dès 1936, a permis de produire 115 millions de tonnes de films et de libérer complètement le pays de la dépendance vis-à-vis des importations. L’URSS s’est alors hissée au troisième rang mondial pour la production de films photographiques.
A l’invasion hitlérienne, les usines de Shostka (n°6) et de Pereslavl (n°5) produisaient principalement des films aériens « Type-5 », développés à la fin des années 1930 et utilisés dès 1940 pour la photographie aérienne de la ligne Mannerheim. Des avions se sont rendus directement à Shostka pour livrer au front le matériel photographique nouvellement fabriqué. Mais le 19 août 1941, en raison de l’avance des troupes allemandes les équipements ont été démontés et évacués vers Krasnoyarsk, où elle a été contrainte de travailler dans une club sportif inachevé.. Au milieu de l’année 1942, les travailleurs et équipements de Shostka ont commencé à produire des films photographiques aériens à Krasnoyarsk.
Dans les années d’après-guerre, l’usine a été restaurée à partir de zéro – les bâtiments des ateliers ont été bombardés. Svema commence alors à produire des films négatifs couleur en utilisant la technologie de l’usine allemande AGFA.
Dans les années 1970, Svema s’est vu décerner l’Ordre de la Révolution d’Octobre pour ses importantes réalisations dans le domaine de l’ingénierie chimique. En 1985, une usine moderne « Svema » à Shostka a été mise en service. L’association de production Shostka « Svema » a mis en service le complexe technologique moderne de production de films spéciaux à longue portée (jusqu’à 3000 m) pour l’étude, l’observation détaillée et super détaillée de la surface terrestre et l’indication des ressources naturelles depuis l’espace, ainsi que tous les types de photographie aérienne.
A la fin des années 1980, des méthodes de synthèse de microcristaux homogènes ont été développées à l’Institut GosNII Khimphotoproekt et les conditions de cristallisation et de sensibilisation chimique et spectrale des émulsions photographiques, avec un meilleur rapport entre la photosensibilité et les propriétés structurelles, ont été développées. Cela a permis à Svema de développer un certain nombre de matériaux photosensibles pour la photographie aérienne et la photographie spatiale. Pour ces créations leur développement industriel, trois chercheurs ont reçu des prix d’État de l’URSS : N.V. Pospelova (1981), V.N. Podplesnykh (1982) et V.A. Maltseva (1988).
Les produits grand-public Svema étaient connus des amateurs comme étant des produits faciles et robustes pour les débutants en matière de développement et de tirage de films à domicile. Tous les films soviétiques utilisaient la pellicule Svema. À la fin des années 80, la fabrique employait 15 000 personnes et ses produits étaient vendus dans 33 pays!
A la chute de l’URSS, Svema s’est retrouvé en difficulté. Au milieu des années 1990, les salaires ont cessé d’être versés et les employés ont commencé à démissionner. Mais un petit groupe s’est présenté et a acheté l’un des ateliers avec l’équipement pour 50 000 dollars. La société a vivoté jusqu’en 2016 puis a cessé toute activité. La fabrique après sa fermeture:
Et à sa destruction:
En 1991, dernière année de l’URSS, la Fabrique de Montres de Minsk a produit une Луч pour les 60 ans de la fabrique: