Horloge de Kasli « Maître Danila »

(collection B. Hanoï)

Cette horloge est le fruit de la coopération entre la Fabrique de Montres de Tchéliabinsk et de la Fabrique de Kasli, deux fabriques voisines situées dans l’Oural.
Son mécanisme est un 57128.
Elle figure Maître Danila, personnage du folklore de l’Oural et héros de La Fleur de pierre, un célèbre conte de Pavel Bajov.

Pavel Bajov

Pavel Pétrovitch Bajov naquit en 1879 dans une famille ouvrière instruite de l’Oural ; son père était maître d’atelier à Syssert. Il passa son enfance à Polevskoï à 50 km d’Ekaterinbourg. Après ses études secondaires, il entra au séminaire de Perm puis travailla comme instituteur à Ekaterinbourg et à Kamychlov. Comme beaucoup d’habitants de la région, il était gagné aux idées anti-monarchiques et ne put accéder à l’université. Il se maria avec Valentina Ivanitskaïa, une ancienne élève de l’école diocésaine où il enseignait le russe, et eut sept enfants. Sa femme fut sa muse pendant toute sa vie.
Bajov rejoint les rangs du Parti communiste de l’Union soviétique en 1918. Pendant la guerre civile, il se battit dans l’Armée rouges. Il devint ensuite journaliste et se mit à écrire des livres à propos de l’histoire de l’Oural ; il réunit et fait découvrir alors des récits et des contes de sa région natale. Son premier livre est édité en 1924.
Il publia son premier conte en 1936, puis dirigea en 1939 une maison édition spécialisée dans les contes de l’Oural et créée à son initiative. Il publie le recueil La Cassette de malachite (Малахитовая шкатулка), mais aussi des ouvrages sur la révolution et la guerre civile. Pour son recueil de contes de l’Oural, il reçoit en 1943 le prix Staline.
Bajov sera aussi élu député au 2e et 3e Soviet suprême de l’URSS. Il meurt en 1950, à 71 ans, à Moscou, et est enterré à Sverdlovsk, dans son Oural natal.

Pavel Pétrovitch Bajov en 1911
On peut visiter à Zlatoust le « Parc de la Montagne Bejov ». Des dizaines de statues y figurent les personnages de ses contes, de la Maîtresse de la montagne de cuivre au chat du conte Les oreilles du chat. Sur la grille du parc, la figure de Maître Danila tel qu’elle se présente sur l’horloge de Kasli.


Le recueil

La première édition de La Cassette de Malachite a été publiée le 28 janvier 1939. Elle se composait de 14 histoires et d’une introduction, qui contenait des informations sur la vie, l’industrie et la culture de l’Oural. Les dernières éditions contenaient plus de 40 contes.
Les contes les plus populaires ont été écrits entre 1936 et 1939: La Maîtresse de la montagne de cuivre et sa suite La Cassette de malachite, La Fleur de pierre et sa suite Le Maître artisan, Le Sabot d’argent, Les Oreilles du chat, etc.
Ce recueil eut un succès immense et ses personnage, tels que la Maîtresse de la montagne de cuivre, sont devenus très connus.

La première édition (1939) du recueil La cassette de malachite
Une autre horloge Molnija en fonte de Kasli représentant Maître Danila et la Maîtresse de la montagne de cuivre

La Fleur de pierre

L’histoire est celle d’un artiste prêt à tout sacrifier pour atteindre la perfection. Elle commence dans une localité de l’Oural où l’on exploite le cuivre pour le compte d’un riche propriétaire secondé par un intendant odieux. Nous sommes au temps du servage, et les employés n’ont pas plus de prix que les bêtes. Et s’il faut les punir, on n’hésite pas à les tuer.
Prokopitch est un vieux ciseleur de pierre qui a le jeune Danila comme disciple. Un jour, Prokopitch ne peut terminer le travail d’une cassette de malachite d’une grande beauté et c’est Daniel qui s’en charge. Félicité de tous, on lui commande une coupe en forme de fleur. Il la réalise à la satisfaction et à l’admiration générale, mais elle reste imparfaite à son goût.
Un vieillard lui raconte la légende d’une belle fleur de pierre dans le domaine de la maîtresse de la montagne de cuivre : ceux qui la voient commencent à comprendre la beauté de la pierre, mais la vie perd alors toute sa douceur pour eux. Ils deviennent pour toujours les artisans de la montagne de la Maîtresse.
La fiancée de Danilo, Katia, lui demande de l’oublier, mais Danila aspire à voir la fleur. Il se rend à la mine de cuivre et trouve la Maîtresse de la montagne de cuivre. Il la supplie de lui montrer la fleur. La Maîtresse lui rappelle sa fiancée et prévient Danila qu’il ne voudrait jamais retourner auprès des siens, mais il insiste. Elle lui montre ensuite la fleur de malachite et croit pouvoir le retenir par sa beauté, ses immenses richesses, et le savoir-faire qu’elle lui permet d’acquérir. Pendant ce temps, inconsolable, Katia part à sa recherche.
Finalement, Danilo s’arrache à la Maîtresse de la montagne, retourne au village, détruit sa coupe et disparaît (pour réapparaitre dans un autre conte du recueil…).

Katia et Danila, affiche du film La Fleur de pierre de 1946
La première du ballet La Fleur de Pierre de Prokofiev

Influence

La Fleur de pierre aura un immense succès en URSS et servira d’inspiration à un grand nombre d’oeuvres éponymes.
Parmi celles-ci :
– Un ballet de A. G. Friedlander, (livret de I. Keller), créé en 1944 à Sverdlovsk, dans l’Oural, par le chorégraphe K. Muller.
– Un film d’Alexandre Ptouchko, avec Vladimir Droujnikov, Tamara Makarova, produit par la Mosfilm en 1946 (primé au Festival de Canne, le réalisateur recevra le prix Staline).

Une scène du film de 1946

– Un opéra composé en 1950 par Kirill Molchanov (qui sera aussi directeur du Bolchoï)
– Un ballet de Prokofiev (opus 118) composé en 1950 (livret de Mira Mendelsohn et de Leonid Lavrovski). Créé en 1954 au Bolchoï de Moscou, presque un an après la mort du compositeur, avec une chorégraphie est de Léonid Lavrovski.
– Une statue fontaine monumentale du Parc des expositions des réalisations de l’URSS (VDNKh) à Moscou, architecte Konstantin Topuridze et du sculpteur Prokopiy Dobrynin, inauguration en 1954.

La fontaine monumentale du VDNKh)

– Une statue fontaine sur la place du travail à Ekaterinbourg, dans l’Oural.
– Un monument à Magnitogorsk (région de Tcheliabinsk, dans l’Oural).
– Un film d’animation (marionnettes) réalisé en 1975 par Oleg Nikolaevsky au Studio de Cinéma de Sverdlovsk.

Une scène du film d’animation de 1975