Les Stourmanskie première génération
Les Stourmanskie, (Штурманские, « navigateur », dans le sens de celui qui détermine le cap d’un navire ou d’un avion) avec un mécanisme ЧН-41М (modifié) à 15 rubis de la 1ère Fabrique de Montres de Moscou étaient exclusivement produites pour l’Aviation soviétique.
C’était un choix logique, en raison de la haute qualité du mouvement et de sa précision. Le ЧН-41М était basé sur le mouvement Pobeda, doté d’une trotteuse (plus immédiatement visible qu’une petite seconde).
Le ЧН-41М des Stourmanskie était modifié pour avoir la complication stop-seconde. Cette fonction qui permettait à la montre d’être arrêtée avec précision et synchronisée avec un signal horaire donné. Un détail critique sur toute montre militaire, mais surtout sur la montre d’un navigateur, où souvent la localisation était déterminée en estimant correctement où se trouvait l’avion en mesurant avec précision le temps à distance
C’est ainsi qu’une Stourmanskie était remise à chaque nouveau diplômé de la prestigieuse École d’Aviation d’Orenbourg, avec leur diplôme, depuis la fin des années 1940.
Gagarine en a certainement reçu une à cette occasion, en 1957, mais ce n’est sans doute pas celle qu’il a emmené dans l’espace.
En 1954 la Stourmanskie emboîte une nouveau mécanisme à antichoc, le ЧН-45М à 17 rubis.
Contrairement à l’ancien modèle, le fond du boîtier de la nouvelle Stourmanskie était vissé et non clipsé pour assurer une meilleure étanchéité. La Stourmanskie que Gagarine a porté dans l’espace était donc celle du second type, doté du « stop-seconde » et du fond vissé.
Dans le civil, Gagarine a porté cette Pobeda dont le motif représente le monument à Tchapaïev (voir ici):
Cette Rodina (la première montre automatique soviétique), montée sur un bracelet en métal, a été offerte à Gagarine par le Commandant des forces aériennes soviétiques après la réussite de la mission Vostok-1.
Une Stourmanskie aurait également été la montre portée par Titov lors du deuxième vol cosmique.
Le 16 juin 1963, Valentina Terechkova, à bord du Vostok 6, a passé trois jours dans l’espace en orbite autour de la Terre 48 fois avant de rentrer dans l’atmosphère et de parachuter en toute sécurité vers la Terre. Terechkova, vue ici sur la photo, porte ce qui semble être une Stourmanskie.
Dans le civil, Terechkova portait généralement une Slava 1600 « bracelet »:
en savoir plus sur la Slava 1600 « bracelet » de Terechkova
La Stourmanskie du vol de Gagarine est exposée au Musée de la Cité des Étoiles, le centre d’entraînement des cosmonautes près de Moscou.
en savoir plus sur ces Stourmanskie
Les Strela et Sekonda
Les chronographes Strela ont, dès leur fabrication, été fourni aux cosmonautes.
C’est une Strela qu’Alexeï Leonov avait au bras lors de la première sortie extra-véhiculaire (12 minutes et 9 secondes) le 18 mars 1965. Pavel Balyaïev, resté à bord du Voskhod-2, portait aussi une Strela.
Vladimir Komarov portait une Strela lors du vol tragique de Soyouz-1 qui lui coûta la vie le 24 avril 1967
Plusieurs photos de cosmonautes portant des Strela existent, le plus souvent sous cette marque avec le cadran blanc, exceptionnellement avec le cadran noir et/ou sous la marque Sekonda (c’est une Sekonda à cadran noir que portait Alexeï Goubarev lors de la mission Soyouz-28 en mars 1978).
Les Camy de Gagarine et Léonov
En 1964, la société genevoise Camy Watch a fourni (offert?) aux cosmonautes soviétiques des montres de précision. Elles étaient présentées comme des chronomètres, bien que la firme n’ait obtenu aucun certificat officiel à l’époque. La revue EuropaStar rend compte de cette information qui est probablement une opération publicitaire de la part de Camy Watch.
La Chasprom 24h
La première montre électrique à apparaître en Union soviétique, vers 1958, était le résultat d’une collaboration entre la Fabrique de Montres de Minsk et l’institut de recherches horlogères Chasprom.
Elle avait un mouvement électromécanique transistorisé. Elle ne dépassa pas le stade des prototypes mais le NII Chasprom en tira une variante 24h avec date à destination des cosmonautes. Le mouvement 24h faisait sens puisque dans l’espace il n’y a aucune impression de nuit ou de jour en orbite terrestre basse.
On pense que la production s’est limité à 29 pièces et qu’elles ont été attribuées exclusivement à des cosmonautes. Voici ceux qui ont porté avec certitude la Chasprom 24h (il y en a certainement d’autres):
Pavel Belyaev, sur Voskhod 2, en 1965
Vladimir Chatalov, sur Soyouz 4, 8 et 10 (sans que l’on sache exactement sur lesquels de ces missions il a porté ce modèle)
Yevgeny Khrounov, sur Soyouz 5, en 1969
Andriyan Nikolaïev, sur Soyouz 9, en 1970
Yusi Artyukhin, sur Soyouz 14, en 1974
en savoir plus sur la Chasprom 24h pour cosmonaute
La Vostok Amphibia
En 1975, une Amphibia participait à la première expédition vers la station spatiale Saliout-4, sur le vaisseau spatial Soyouz-17, au poignet de Gueorgy Grechko.
La Poljot 3050 type « Ekvar »
Une des premières montres à quartz soviétiques.
Ci-dessous: un modèle de Poljot « Ekvar » (mais ne portant déjà plus cette marque) de la collection Dashiell:
Au poignet d’Alexeï Alexandrovich Goubarev lors du vol de Soyouz 28 (du 2 au 10 mars 1978):
Le chronomètre Slava СДСпр-1-2-000
Modèle СДСпр-1-2-000 (pour Секундомер Двухстрелочный, Справочное 1, класс точности 2 – Chronomètre de précision à deux aiguilles, Référence 1, précision de classe 2) de la 2e Fabrique de Montres de Moscou.
Ce type de chrono permet de mesurer deux événements à la fois au dixième de seconde.
Il est équipé de deux « trotteuses » alignées. Lancées, les deux aiguilles tournent ensemble, synchronisées. Au besoin d’une mesure intermédiaire, une action sur le poussoir dédié arrête l’aiguille esclave (la rouge) permettant une lecture précise.
Lecture faite, une seconde action sur le même poussoir ramène cette aiguille sur l’aiguille maître (la bleue) qui a continué de tourner. Elle la rattrape. Le cadran central compte les minutes.
Ce chronomètre a été vu dans plusieurs Soyouz.
en savoir plus sur ce modèle de chronomètre
Poljot 3133
Les Okean ont été les premier chronographes à emboiter le calibre 3133. Ils étaient réservés à la marine de guerre. Le cosmonaute Valeri Ilitch Rojdestvenski portait cette Okean lors de sa mission sur Soyouz 23 les 14-16 octobre 1976 (mission avortée car le vaisseau n’a pu s’amarrer à la station Saliout 5:
Par la suite, le 3133 a également été emboîté dans les Sturmanskie d’abord réservés aux officiers de l’armée de l’air. Dans un troisième temps est apparu les modèles civils de marque Poljot.
Les Poljot 3133 ont été embarquées dans les missions suivantes:
Soyouz T-4 ( Vladimir Kovalyonok & Viktor Savinykh )
Soyouz 40 ( Leonid Popov & Dumitru Prunariu )
Soyouz T-5 ( Anatoli Berezovoy )
Soyouz T-6 ( Vladimir Dzhanibekov & Aleksandr Ivanchenkov )
Soyouz T-7 ( Leonid Popov & Aleksandr Serebrov )
Soyouz T-10 ( Oleg Atkov & Leonid Kizim & Vladimir Soloviyov )
Soyouz T-12 ( Svetlana Savistkaya )
Cette liste est peut-être incomplète
Stourmanskie deuxième génération
Les chronographes Poljot 31659 Stourmanskie, fabriqués à partir de 1986, ont participé au moins aux missions suivantes sur la station Mir:
Février 1987: Soyouz TM-2 ( Youri Romanenko )
Décembre 1987: Soyouz TM-4 ( Vladimir Titov )
Août 1988: Soyouz TM-6 ( Vladimir Lyakhov )
Décembre 1990: Soyouz TM-11 ( Viktor Afanasiyev et le cosmonaute japonais Toyohiro Akiyama)
Elektronika 5
De nombreuses photos attestent que les cosmonautes, en plus du chronographe de service porté au bras, portaient au poignet une montre personnelle, et dans de plusieurs cas il s’agissait d’Elektronika 5 LCD de divers modèle
Poljot « Stadium »
Une Poljot « Stadium » a été portée par Valery Rioumine qui a passé 175 jours en orbite, à bord de Saliout 6 en 1979 et 184 jours en orbite dans la même station en 1980.
Sources:
https://www.netgrafik.ch/russian_space_watches.htm
https://strela-watch.de/company/strela-watch-history
https://www.safonagastrocrono.club/slava-114-chn-a-brief-history-of-electric-watches-in-the-soviet-union
https://omegaforums.net/threads/hidden-gems-from-the-russian-space-photo-archives.65152
etc.