1. Raketa et « Renaissance »
La fabrique de Petrodvorets (Peterhof) avait été fondée en 1721 par Pierre le Grand pour la taille des marbres, de pierres précieuses et semi-précieuses (c’est là que furent taillées les pierres de la couronne des tsars en 1762 mais aussi les pierres ornementales des différents palais des tsars).
Elle travaillera ainsi les marbres de la cathédrale Saint Isaac et les malachites du Palais d’hivers.
Après la guerre de 1812, elle fabrique des horloges et fournit divers équipements à l’armée russe tout en poursuivant ses activités traditionnelles.
Même après la révolution d’octobre, lorsqu’elle sera devenue principalement le fournisseur de l’industrie horlogère soviétique en pierres de précision (les fameux rubis qui permettent de minimiser les frottements), elle conservera sa production traditionnelle : elle travaillera les marbres du mausolée de Lénine (1927) et l’étoile rouge qui brillait au sommet des tours du Kremlin (1934).
voir ici l’histoire de la Fabrique de Petrodvorets
Lorsqu’elle produira ses propres montres, Petrodvorets fabriquera des cadrans en jaspe et en néphrite pour ses Raketa de prestige.
En 1990, pendant la Perestroïka, Petrodvorets avait donné naissance à des sous-sociétés spécialisées : Renaissance (Ренессанс), Prestige (Престиж), et Maîtres de Peterhof (ou Peterhof : Петергофские Мастера).
Renaissance était spécialisées dans le travail des pierres semi-précieuses et à développé une gamme de montres aux cadrans minéraux, emboitant des Raketa 2609.NA.
2. Jade et néphrite
La néphrite (ma science est toute fraîche) est un des trois types de jade, avec la jadéite et le kosmochlor. A l’origine, la jadéite et la néphrite n’étaient pas différenciées. Ce n’est qu’en 1863 qu’Alexis Damour a distingué le jade néphrite composé essentiellement de néphrite, un silicate de calcium et magnésium, assez commun, du jade jadéite composé essentiellement de jadéite, un silicate de sodium et aluminium, plus dur, plus dense, plus rare et considéré comme plus précieux.
C’est un minéral métamorphique, autrement dit un minéral dont la formation a pour origine la transformation à l’état solide d’une roche originelle essentiellement en raison des modifications de pression et de température. La transformation se traduit par une modification de la texture, de l’assemblage minéralogique à l’équilibre ou de la composition chimique de la roche.
Son nom provient du latin nephritis, lui même issus du grec νεφρῖτις, nefrîtis (« maladie des reins »), dérivé de νεφρός, nephrós (« rein »). La pierre, d’abord appelée pierre néphrétique, tire son nom du fait qu’elle a généralement la forme du rein et (pour cette raison et en fonction du vieux principe pré-scientifique des correspondances) parce qu’elle passait pour guérir les maladies des reins.
3. Les pierres et la Russie
La découverte des pierres en Russie s’est opérée très lentement, en raison des conditions climatiques très rudes. Jusqu’au XVII siècle la Russie n’exploitait que les perles des rivières du nord du pays, l’ambre de la mer Baltique et l’améthyste de la péninsule de Kola, les autres pierres fines étaient importées d’Inde et d’Asie.
En 1635 on a trouvé la malachite dans les montagnes de l’Oural, mais de la fin du XVIIe jusqu’au milieu du XVIIIe siècle la malachite était extraite comme de la matière secondaire, la production se concentrait sur l’extraction du minerai de cuivre. Le propriétaire de la mine, le riche industriel Démidov a fait connaître cette pierre au monde entier en faisant cadeau à l’empereur Nicolas Ier de la salle en malachite et en l’exportant en Europe.
Le « couloir » d’émeraude de l’Oural (mines d’émeraude de l’Oural) est une région d’extraction de minerais et de minéraux de renommée mondiale. Parmi d’autres mines, le gisement Mariinsk (anciennement Malichev) fut ouvert de 1831 à 1839. Il est considéré comme unique: on y trouve l’émeraude, l’alexandrite, la phénacite, le béryl et autres minéraux. Aujourd’hui, la mine Mariinsk est une entreprise d’Etat. Les réserves d’émeraudes, d’après les experts, avoisinent les soixante tonnes. On prévoit de l’exploiter pendant encore environs deux siècles.
Dans l’Oural le grenat démantoïde fut découvert en 1868 (bourg d’Elisavet), ensuite, en 1874, un autre gisement fut mis au jour près de Ekaterinbourg. La deuxième grande découverte de démantoïde date de 1990 dans le gisement Karkodine d’oblast de Tcheliabinsk. La mine de Kolyvan de l’Oural produit jusqu’à aujourd’hui du jaspe (utilisé par Raketa pour le cadran de montres de prestique) et du porphyre. La mine de la bourgade de Murzinki, où il y avait des topazes de toutes les couleurs, est de nos jours épuisée. Toujours dans l’Oural, on extrayait la rhodonite, le lapis lazuli, la serpentine, le cristal de roche, l’aigue-marine, la tourmaline, la sélénite et l’améthyste…
Au milieu du 19e siècle, dans l’Altaï, la Sibérie du sud, le jaspe vert (appelé jaspe de Revnevsk) fut extrait et utilisé pour les colonnes de la salle du trône et le Tsar-vase. Dès le 18e siècle, le lapis lazuli est découvert dans le Baïkal du Sud. Dans l’est de la Transbaïkalie et en Transcaucasie, au 19e siècle, des gisements de calcédoine et d’agate ont été découverts. L’aigue-marine est également connue en Sibérie orientale depuis le 18e siècle. La Russie possède la ressource d’ambre la plus importante du monde (en 2009 on en a extrait près de 200 tonnes).
Le premier diamant fut trouvé le 4 juillet 1826 dans l’Oural. Pour l’anecdote, c’est un enfant « esclave » de 14 ans qui fit sa découverte ; il a été libéré pour ce fait. Mais on ne trouvera que quelques centaines de diamants de qualité. Le premier diamant de Sibérie fut découvert en 1897 sur la rivière Melnitchnaïa., le deuxième diamant en 1948 seulement. Le 21 août 1954, la géologue Larissa Popougaeva a découvert la première cheminée kimberlitique en dehors de l’Afrique. C’est le début de l’extraction industrielle des diamants en Russie.
Enfin, nous y voilà, on trouve en Russie de la jadéite et de la néphrite. C’est un ingénieur français, J.P. Alibert, qui découvrit en 1850, dans la vallée de l’Onot, près du lac Baïkal, le jade de Sibérie. Pierre de couleur verte avec de petites taches noires, la néphrite fut l’un des matériau préféré de la Maison Fabergé. En 1946, on a découvert de le jade néphrite couleur pistache (Kraï de Transbaïkalie, rivière Kalar), mais le gisement ne fut ouvert qu’en 1985. Le jade jadéite fut découvert en 1959 dans le sud du territoire de Krasnoïarsk dans les monts Sayan occidentaux s’étendant d’ouest en est sur 130 km.
4. Néphrite et Fabergé
Les Fabergé sont issus d’une famille huguenote française qui émigre à la suite de la révocation de l’édit de Nantes. La famille finit par s’installer à Saint-Pétersbourg, où le père de Pierre-Karl, orfèvre, fonde la Maison Fabergé en 1842. Après des études en Allemagne, en France, en Angleterre et chez les maîtres joailliers européens, Pierre-Karl reprend les rênes de l’entreprise familiale en 1872. En dix ans il hisse la Maison Fabergé au plus haut niveau et est remarqué par le tsar Alexandre III.
Le souverain décide d’offrir à sa femme l’impératrice Maria Fedorovna un œuf de Pâquesen 1885, peut-être. Connu sous le nom d’oeuf à la poule, le cadeau du tsar est en or, sa coquille blanche opaque émaillée s’ouvre pour révéler sa première surprise, un jaune d’or mat qui contient lui-même une poule, de couleur or, qui s’ouvre également. Il contient une réplique de diamants minute de la Couronne impériale à partir duquel un petit pendentif rubis a été suspendu. L’impératrice Marie est enchantée et d’autres œufs suivront, d’année en année de plus en plus plus complexes. Outre les 54 œufs impériaux, 17 autres ont été commandés par quelques clients privés.
Lors de la révolution bolchevik de 1917, les ateliers Fabergé sont nationalisés et convertis en fabriques d’armes de guerre, et la famille Fabergé se réfugie en Suisse. Une partie de la collection des œufs impériaux est vendue à l’étranger afin d’obtenir des devises étrangères mais 24 œufs sont placés dans le palais des Armures. Une collection de 12 œufs de Fabergé est proposée à la vente chez Sotheby. Un homme d’affaires russe acquiert l’ensemble de la collection pour 100 millions de dollars et les ramène. C’est ainsi que depuis novembre 2013 à Saint-Pétersbourg, dans le musée Fabergé, l’on peut voir 14 œufs dont 9 sont des œufs impériaux, dont celui-ci:
Symbolisant l’amour éternel, « l’œuf de laurier » a été présenté en 1911 à l’impératrice douairière Maria pour célébrer le 35e anniversaire de son arrivée en Russie du Danemark.
Il a 325 feuilles de néphrite et est parsemé de diamants roses, d’améthystes et de citrines. Un oiseau doré mécanique, décoré de vraies plumes de colibri s’élève du haut de l’arbre, bat des ailes et chante…