Slava 2428 « 50 ans de la Fabrique NKMZ »

(collection B. Hanoï)

Montre commémorative de la 2e Fabrique de Montres de Moscou
Marque: Slava
Mention : 1934 – 50 лет HKM3 — 1984 (50e anniversaire de la NKMZ 1934-1984)
Boîtier de laiton chromé type 821 (avec bouton de reset de la date à 2 heures)
Type de fermeture du fond : A bague (6 mors)
Gravure sur le fond : 285049
Mécanisme : Slava 2428 à 26 rubis
Mentions sur le calibre : 2e logo de la 2e Fabrique de Montres de Moscou et 2428 sur un endroit de la platine, SU sur un autre endroit
Date de fabrication : 1984
Largeur sans couronne : 38mm
Largeur avec couronne : 40mm
Dimension de corne à corne : 43mm
Épaisseur : 13mm
Entre-cornes : 18mm

Cette Slava porte la marque de l’anniversaire de la Fabrique de machines de Novokramatorsk (Novokramatorsky Mashinostroitelny Zavod (Новокраматорський машинобудівний завод, HKM3 en cyrillique, NKMZ en latin).

La 2e Fabrique de Montres de Moscou a produit d’autres montres commémoratives sur base du même modèle: voir par exemple ici

La NMKZ était une des plus grande usine d’ingéniérie lourde d’URSS. Entrée en service en 1934, elle est situé à Kramatorsk, dans la région du Donetsk. Elle produisait et produit encore des équipements géants pour les laminoirs, les exploitations minières (escavatrices dont les godets vont jusqu’à 10m³ !), la métallurgie, l’énergie (pièces de turbines), engins de levages et de terrassement, broyeurs à minerais etc.

Histoire de la fabrique

En 1896, le Suisse Conrad Hamper, qui prendra la nationalité russe, a fondé la fabrique de construction d’installations mécaniques de Starokramatorsk. En 1897, l’usine Kramatorsky a livré ses premiers clients. En 1898 sont construit des haut-fourneaux et le premier acier est coulé l’année suivante. C’est le début de l’industrie à Kramatorsk.
Après l’occupation allemande de 1918 et la guerre civile, la production reprend en 1920 à Kramatorsk, et les équipements pour les mines contribuent à la restauration de l’industrie charbonnière du Donbass. Des écoles professionnelles sont ouvertes.
En 1926, la production de la fabrique a dépassé le niveau d’avant-guerre. Le 14 février 1926, Kramatorske est une ville de 12.000 habitants.

8 octobre 1929 dans la steppe armoise, près de village Shteyharovka, est mise en chantier une nouvelle fabrique géante d’équipements industriels : la future NKMZ. Le projet est suivi de près par le Commissaire du peuple aux machines lourdes, H.K. Ordzhonikidze.
Au printemps 1931, Conseil du travail et de défense de l’URSS inclus le projet dans la liste des projets stratégiques pour l’Union. Le Komsomol invite ses membres à gagner le chantier : 5000 d’entre eux répondent à l’appel et travaillent sur l’immense chantier, surmontant des difficultés incroyables. Panteliya Movlyeva, une komsomole, membre d’une brigade de choc, établit un record national de productivité.
Le chantier ne concerne pas que l’usine ; 100 immeubles d’habitations sont construits, qui accueillent les travailleurs déplacés dans les appartements lumineux et spacieux, modernes et bien équipées. 45.000 arbres sont plantés pour embellir la ville, 4 hôpitaux sont mis en service, ainsi que des bibliothèques proposant  164.000 volumes, deux centres culturels, cinq clubs, un cinéma.

Le chantier de la nouvelle fabrique NKMZ

28 septembre 1934, une cérémonie solennelle marque la mise en service de la NKMZ. Sa capacité de production n’avait pas d’égale dans le monde. La fabrique pouvait produire de 30 ensembles d’équipements pour foyer ouvert, 6 ensembles complets de hauts fourneaux, 16 laminoirs, de grandes quantités de matériel pour les mines et les cokeries. Le premier directeur de la NKMZ était un homme célèbre et respecté en URSS : I. T. Kyrilkine.
Le 28 octobre 1941 la ville est occupée, mais l’équipement de la NKMZ avait été évacué dans l’Oural et dans le sud de la Sibérie (à Orsk, à Ourga) et à Elektrostal, dans la région de Moscou.
Les nazis assassineront 6.000 habitants de Kramatorsk et plus de 10 000 ont été envoyés en Allemagne pour le travail forcé. Des centaines d’habitants luttent dans les rangs des partisans et les réseaux clandestins.
Les 6-7 Septembre 1943, la ville est libérée, mais elle est en ruine : la NKMZ, 1300 maisons, 15 écoles, les 3 hôpitaux et les 2 polycliniques etc ; sont détruits.
Mais la NKMZ est exceptionnellement vite remise en service et produit du matériel nécessaire à la reprise de l’économie. Pour ses services exceptionnels, la fabrique a reçu l’Ordre de Lénine en 1945.

Dans les années 60 la ville se développe avec de nouvelles usines et en 1965, est construit le fleuron architectural de la ville – le Palais de la Culture et de la technologie NKMZ.
La NKMZ, qui a reçu en 1964 le nom de Lénine, reste une usine phare de l’URSS. Au fil des années, le huitième plan quinquennal (1966-1970) elle produit 17 laminoirs, 195 escavatrices géantes à godets, des centaines d’autres machines et des milliers de composants de machines. NKMZ a ainsi fabriqué un des laminoirs à chaud en continu à large bande le plus important d’Europe pour l’aciérie de Novolipetskoho.
Pour les réalisations des travailleurs de la ville dans les tâches plan quinquennal pour le développement de la production industrielle, le Présidium du Soviet suprême de l’URSS en 1971 décore Kramatorsk de l’Ordre du Drapeau Rouge, la fabrique recevant l’Ordre de la Révolution d’Octobre.

Les ateliers NKMZ
Une escavatrice géante produite par NKMZ

Le 24 août 1991 l’Ukraine proclame son indépendance et la crise économique frappe durement la NKMZ (qui perd son nom de Lénine) et toute la ville.
Ce n’est qu’en 1998-1999 que les premiers signe d’une reprise se manifestent. La NKMZ devient une société publique par actions.

Une autre montre, Vostok cette fois, commémorative NKMZ (pour les 60 ans de la fabrique, donc de 1994 – donc post-soviétique)

Une presse NKMZ en France

Parmi les produits phares de la NKMZ, les presses hydrauliques de très forte puissance. Elle a construit entre 1957 et 1960, deux presses de 75.000 tonnes métriques, une pour l’usine VSMPO-AVISMA à Verkhniaïa Salda et la seconde pour un combinat à Samara.
Mais une machine soviétique NKMZ de 65.000 tonnes est installée entre 1974 et 1976 chez Interforge à Issoire en France (l’usine appartient au Holding Aubert et Duval, filiale du groupe Eramet).
Servant à la mise en forme d’alliages et pièces de grande dimension pour l’industrie aéronautique et militaire (canons du char Leclerc, fonds des boosters de la fusée Ariane, éléments de turbines, pièces de carlingues de Boeing ou d’Airbus, etc.) elle fonctionne depuis 40 ans avec une précision millimétrique et reste la presse hydraulique la plus puissante du monde occidental!

La presse NKMZ d’Issoire

250 ouvriers soviétiques avaient débarqué en 1974 dans cette sous-préfecture de 15.000 habitants, sans parler un mot de français, amenant leur famille et leur club de foot. Il leur aura fallu presque trois ans pour monter cette presse d’une hauteur totale de 36 mètres, pesant 12 500 tonnes (deux fois le poids de la tour Eiffel).
Depuis l’inauguration, en 1977, la presse n’a connu qu’une seule panne sérieuse. Chaque année, elle s’arrête de fonctionner pendant trois semaines, laissant place à une équipe de techniciens venus spécialement d’Ukraine pour la révision mécanique des pièces.
Une centaine d’ouvriers se relaient autour d’elle jour et nuit, sept jours sur sept.

Une vidéo de l’histoire de NKMZ

(on voit même Giscard d’Estaing la visiter!)
https://www.youtube.com/embed/bFJ3mScSdzg