Slava 2428 « oblast autonome adyguéen »

(collection B. Hanoï)

Cлава (Slava) commémorative de la 2e Fabrique de Montres de Moscou.
Mentions sur le cadran : 27 камней au dessus de l’axe des aiguilles, AвтоподЗавод (remontage automatique) en dessous, et cделано в cccp (à six heures). En rouge : Адыге́йская автоно́мная о́бласть (Oblast autonome adyguéen) 1922-1982 avec un motif noir et noir de couronne de feuillage, d’étoile entourant un 60 дet (60 ans)
Elle combine le boîtier 821 (avec bouton de reset de la date à 2 heures) avec l’ensemble cadran-aiguilles 393.
Type de fermeture du fond : A bague (6 mors)
Gravure sur le fond : 343824 et marque de qualité de l’URSS

Ces boîtier et cadran au catalogue général 1983

Mécanisme : Slava 2428 à 26 rubis
Mentions sur le calibre : 2428, logo de la 2e Fabrique de montres de Moscou, et SU, le tout sur la platine
Largeur sans couronne : 37mm
Largeur avec couronne : 39mm
Dimension de corne à corne : 43mm
Épaisseur : 11mm
Entre-cornes : 18mm
Remarque: le cadran indique un mécanisme automatique à 27 rubis (donc forcément un Slava 2427) mais la montre emboîte un Slava 2428 (à 26 rubis)

La 2e Fabrique de Montres de Moscou a produit d’autres montres commémoratives sur base du même modèle: voir par exemple ici

Адыге́йская автоно́мная о́бласть, autrement dit Oblast autonome adyguéen (un oblast est une unité administrative de taille inférieure à la région mais supérieure au district).
La montre a a été produite en 1982 pour le 60e anniversaire de cet oblast autonome créé au sein de la République Socialiste Fédérative de Russie le 27 juillet 1922 (l’URSS ne sera proclamée qu’en décembre).

L’oblast (aujourd’hui République) des Adyguéens (transcrit ici Adyghés) dans une carte démographique de la région

Les Adyguéens ou Tcherkesses sont un peuple guerrier du nord-ouest du Caucase qui émergent aux alentours du Xe siècle. Les hommes adultes portaient les armes, et les enfants étaient entraînés dans l’objectif de devenir des guerriers (les parents confiaient souvent leurs enfants aux bons soins d’autres adultes plutôt que de les élever eux-mêmes). Anciennement matriarcal, ce peuple a donné aux femmes un rôle plus important que d’autres peuples musulmans. Elles portaient les armes aux côtés des hommes, et aujourd’hui encore, elles sont tenues à un haut degré de respect et de dignité.
Leur absence d’unité politique a réduit leur influence dans la région et leur capacité à lutter contre les Huns, les Avars, les Petchenègues, les Khazars et les Mongols. Ils ont été peu à peu conquis par l’Empire russe à la suite d’une série de guerres et de campagnes à la fin du XVIIIe siècle et pendant la première moitié du XIXe siècle. Peu à peu repoussés sur les bords de la mer Noire, ils se sont vus en 1863 imposer le choix : ou bien s’installer dans la plaine du Kouban, au Nord, ou partir vers l’empire ottoman. Plus d’un million de personnes, va choisir la seconde option. Mais tant la déportation que l’exil s’avère meurtrier (certains parlent de « génocide tcherkesse »), les naufrages de navires, les épidémies, et la famine causent plusieurs centaines de milliers de morts. Pour le Tsar, c’est la victoire finale sur le Caucase, laquelle est célébrée le 21 mai 1864.

Cavalier tcherkesse

Les Tcherkesses vont essaimer dans tout l’Empire ottoman et leur caractère guerrier va trouver à s’employer sur de nombreux fronts. En Syrie et au Liban, soumis au mandat français issu du Traité de Versailles, ils seront nombreux à entrer dans l’Armée Française du Levant. Ils seront engagés dans la répression de l’insurrection du Djebel Druze en 1925-26 et ils combattront en Syrie en 1941 dans les rangs des Forces Françaises Libres.

Cavaliers tcherkesses de l’armée française en Syrie

Lors de la mobilisation de l’été 1914, le vice-roi du Caucase russe reçoit de Nicolas II la permission de créer une nouvelle division de montagnards du Caucase. Elle comprendra des régiments Kabarde, Daghestanais, Tchétchènes, Tatars, Tcherkesses, Ingouches et Ossètes. Les Caucasiens, malgré leur passé de résistance à la conquête russe, s’enrôlent par esprit guerrier et pour la solde. Le nom officiel de l’unité est « Division de cavalerie indigène du Caucase » mais son aspect exotique et sa bravoure lui valent le surnom de « Division sauvage ». Elle combattra l’armée austro-hongroise et se distingue pendant l’offensive Broussilov de l’été 1916.

La « Division sauvage »

Après la révolution de Février, le gouvernement provisoire de Kerenski est incapable de remédier à la crise politique et militaire. Kornilov, nommé général en chef ordonne au 3e corps de cavalerie, auquel se rattache la Division sauvage, de marcher sur Petrograd. Le soir du 28 août, les régiments ingouche et tcherkesse sont à 67 km de Petrograd, mais les ouvriers du chemin de fer ont coupé la voie. C’est le Soviet de Petrograd qui organise la défense de la ville : des délégations d’ouvriers, de marins et de soldats, y compris des agitateurs bolcheviks, viennent haranguer les Caucasiens et obtiennent leur ralliement.

En Russie, après la guerre civile, les autorités soviétiques octroient l’autonomie administrative aux Tcherkesses le 27 juillet 1922. Krasnodar était le centre administratif de l’oblast rebaptisé Oblast autonome adyguéen (tcherkesse) le 24 août 1922, peu de temps après sa création. Le 24 octobre 1924, il devint une partie du nouveau Kraï dy Caucase du Nord. Il fut rebaptisé Oblast autonome adyguéen en juillet 1928. Maïkop fut désigné comme le centre administratif de l’oblast autonome en 1936. A ce moment, l’industrie pétrolière était en plein développement (le pétrole avait été découvert dès 1911) et la ville fut un des objectifs, avec Bakou, de l’offensive hitlérienne de 1942. La ville en flamme est prise le 10 août 1942 et reprise par l’Armée rouge le 29 janvier 1943. A l’inverse des Tatars ou des Tchetchènes, les Tcherkesses ne firent pas l’objet en tant que peuple d’un procès pour collaboration et ne furent pas déportés.

Les SS de la Division Viking s’approchent de Maïkop en flammes
Le Maïkop soviétique: la gare routière
Le Maïkop soviétique: un boulevard résidentiel
Le Maïkop soviétique: le théâtre municipal

Le 3 juillet 1991, l’oblast autonome fut élevé au statut de république fédérative sous le nom de République d’Adyguée.
La capitale de la République est toujours Maïkop dont on voit ici la Place de l’Amitié et la mosquée: