C’est en 1959 qu’est créée la Fabrique d’éléments semi-conducteurs de Riga (Рижского Завода Полупроводниковых Приборов), qui deviendra la Fabrique « Alpha », la première entreprise de l’industrie électronique en Lettonie.
La Lettonie avait déjà une industrie électro-mécanique dont les fleurons étaient la Fabrique Electrotechnique VEF (Valsts Elektrotehniskā Fabrika, en letton: Fabrique Electrotechnique d’Etat) qui employait 16.000 personnes et produisait notamment des téléphones et des radios pour toute l’URSS (35% de la production nationale, un million de radio-transistor VEF Sidola étaient produit chaque année). Au plus fort de la production, à la fin des années 80, à Riga seulement, VEF employait plus de 14.000 personnes, et 6.000 autres dans le reste de la Lettonie. La VEF Elektrotekhnika sera mise en faillite dans les années ‘90, ses bâtiments deviendront un centre commercial.
En 1960, la Fabrique « Alpha » produit ses premiers diodes et transistors.
En 1962 la fabrique produit ses premiers circuits intégrés au germanium et organise sont propre bureau d’études qui deviendra, en 1966, l’Institut de recherche sur les microdispositifs (Научно-Исследовательского Института Микроприборов). Cette même année commence la production des premiers circuits hybrides. 1971 ; nouvelle réorganisation : L’Association de production et de technique « Alpha » (производственно-техническое объединение « АЛЬФА ») est fondée sur la base de la Fabrique d’éléments semi-conducteurs de Riga et de l’Institut scientifique et de recherche sur les microdispositifs.
En 1976 est créée une filiale à Gulbene, toujours en Lettonie tandis que débute la production en série de circuits intégrés pour convertisseurs numérique-analogique et analogique-numérique (DAC et ADC). En 1977, l’Association « Alpha » est décoré de l’Ordre de la Révolution d’Octobre.
C’était alors l’une des entreprises lettones les plus célèbres, et une des principales fabriques du Ministère de l’Industrie électronique de l’URSS. Les composants semi-conducteurs pour l’industrie microélectronique produits par « Alpha » étaient notamment utilisés à des fins de défense : pour les ordinateurs militaires, dans les avions, dans les appareils de communication et de détection, etc.
Au plus fort du développement, dans les années 80, « Alpha » employait 10.000 personnes parmi lesquels de nombreux spécialistes expérimentés, dont beaucoup venaient de Moscou et de Léningrad.
« Alpha » étaient au centre d’un complexe scientifico-industriel électronique dans lequel on retrouvait la Fabrique « Ellar » qui, dans les environs de Riga, produisait des équipements de haute précision pour la production de microcircuits et semi-conducteurs notamment à destination de la fabrique « Alpha ».
À la fin des années 1980, les entreprises d’ingénierie radio constituaient un immense pôle industriel à Riga (fabrique Radiotechnique RRR, fabrique de radio Popov, bureau de conception Orbit, usine électromécanique de Riga (REMZ), usine de radio Kandava, usine de microélectronique Emira, etc.), employant des dizaines de milliers de travailleurs.
En 1983, la Fabrique « Alpha » commence la production de biens de consommation (et notamment de réveils électroniques et des horloges électroniques pour automobile) sous la marque Elektronika 12 et, en 1987, la production d’un micro-ordinateur monopuce.
L’Association devient une société anonyme en 1991 (Alfa Joint-Stock Company), à la fin de l’URSS, avec les autorités de la Lettonie indépendante comme premier actionnaire.
La fabrique se spécialise alors vers les centraux téléphoniques numériques automatiques mais s’effondre rapidement. Des sociétés russes étaient prêtes à reprendre l’entreprise mais des considérations politiques s’y opposèrent. La société est totalement privatisée en 2000 est n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les bâtiments de la fabrique ont suivi le sort de ceux de la VEF Elektrotekhnika : ils sont devenus un centre commercial (qui a gardé le nom d’Alpha).
A de minuscules exceptions près, toute l’industrie électronique lettone est liquidée dans le cadre de la désindustrialisation du pays, qui recevait alors des torrents de crédits européens pour acheter des produits allemands….