Les logos des Stourmanskie
1 – Le logo de la première génération des Stourmanskie
Le logo présent sur les cadrans (et parfois sur les fonds de boîtier) des Stourmanskie est souvent dénommé « logo d’Orenburg », du nom de l’école d’aviation située dans l’Oural, et qui formait les personnels navigant des forces aériennes russes de 1921 à 1993. Gagarin était diplômé de cette école.
Orenburgskoïe vysshee voennoe aviatsionnoe krasnoznamionnoe uchilishche lyochikov imeni I. S. Polbina (Ecole supérieure militaire d’aviation d’Orenbourg, décorée de l’Ordre de la Bannière rouge, portant le nom d’I. S. Polbin – Ivan Semionovitch Polbine était un général et pilote soviétique, deux fois héros de l’Union soviétique, d’où le nom honorifique donné à l’école en 1967).
Dans la cour de l’école, le MiG-15 bis sur lequel a volé Gagarine
En fait, il ne s’agit pas du logo de cette école mais du dessin des « ailes » (ou brevets) remis aux lauréats.
Les brevets étaient distincts selon la qualification des lauréats (pilotes, navigateurs, ingénieurs mécaniciens) et leur design a évolué au fil des ans.
Ci-dessous, les brevets d’après guerre en dotation jusqu’en 1960 (1 pilote, 2 navigateur, 3 ingénieur) :
Chacun de ces insignes possède plusieurs classes, selon le niveau acquis dans chaque spécialité.
Ci-dessous, les insignes de pilotes de 1ère, 2e et 3e classe et « sans classe » (voir annexe 2) en vigueur en 1950 :
Ci-dessous les insignes de poitrine des navigateurs de 1re, 2e et 3e classe, introduits par l’Ordre du ministère de la Défense de l’URSS n° 085 du 8 mai 1950. Ils comportent en leur centre une bombe, attribut réservé aux navigateurs (sans doute une référence au rôle de ces derniers dans les missions de bombardement de la grande guerre patriotique où bien sûr le succès de la mission dépend de la précision de la navigation).
Le dernier est l’insigne de poitrine du navigateur militaire sans classe :
Nota : штурман / shturman = navigateur – Штурманские / Sturmanskie = littéralement « du navigateur ») officier spécialisé dans la navigation aérienne, les calculs de trajectoire, et la gestion des instruments de bord.
C’est ce dernier insigne de navigateur « sans classe » (donc tout juste breveté) que l’on retrouve sur les toutes premières Sturmanskie.
Ci-dessous le modèle Sturmanskie de 1949 (voir ici) :
On le retrouve aussi sur un modèle post-soviétique du milieu des années 90 dénommé « Blue bomber » :
2 – Le logo de la seconde génération de Stourmanskie
En 1966, le design des insignes évolue par ordre du ministre de la Défense de l’URSS n° 62 du 28 mars 1966. Les nouveaux insignes de pilotes (manque la classe 3 et le sans classe) :
Les nouveaux insignes de navigateurs où l’on retrouve la bombe au centre du bouclier :
Le logo sur les chronographes Stourmanskie correspond à l’insigne de navigateur de première classe, le 1 figurant au centre du bouclier étant toutefois retiré du logo. Poljot a donc actualisé le logo des Stourmanskie au regard de l’évolution de l’insigne militaire décerné aux navigateurs.
Différentes Stourmanskie équipées de l’insigne de 1966 :
3 – Annexe 1 : L’ordre de 1966
Ordre du ministre de la Défense de l’URSS n° 62 du 28 mars 1966
Contenu :
« Sur l’introduction des insignes de qualification pour le personnel navigant de l’aviation des Forces armées de l’URSS. »
En modification partielle de l’ordre du ministre de la Défense de 1961 n° 85, établir des insignes de qualification pour le personnel navigant des Forces armées de l’URSS.
Approuver les dessins et descriptions joints des insignes de qualification pour le personnel navigant de l’aviation des Forces armées de l’URSS (Annexe n° 1).
Signé :
Ministre de la Défense de l’URSS, Maréchal de l’Union soviétique R. Malinovski.
Chef de l’État-major général, Maréchal de l’Union soviétique M. Zakharov.
Annexe n° 1 à l’ordre du ministre de la Défense du 27 mars 1966 n° 62
Description des insignes de poitrine pour le personnel navigant de l’aviation des Forces armées de l’URSS
Les insignes représentent des ailes déployées de couleur dorée, composées de trois plumes.
Au centre de l’insigne se trouve un bouclier de forme décorative, couvrant deux épées croisées orientées vers le haut.
Sur la partie supérieure du bouclier est posée une étoile à cinq branches bordée de métal doré et recouverte d’émail rouge. Les deux branches inférieures de l’étoile chevauchent à moitié le bouclier.
Sur les insignes de 1re et 2e classe, sous le bouclier est représentée une partie de volant (manche à balai ou roue de gouverne).
Les poignées des épées et les ailes sont ondulées et nervurées ; les lames sont lisses et dorées.
La surface du bouclier est recouverte d’émail bleu clair.
Au centre du bouclier se trouve, selon la classe, un chiffre 1, 2 ou 3 en émail rouge.
L’insigne du pilote de 1re classe comporte en plus, de chaque côté du bouclier, des branches de chêne et, un peu plus bas, des branches de laurier s’étendant de part et d’autre du volant.
Les branches sont de la même couleur que la plaque de base.
L’insigne du pilote de 2e classe ne comporte pas les branches de laurier.
Les insignes des navigateurs (штурман) de 1re, 2e et 3e classe sont identiques à ceux des pilotes, mais présentent en plus sur le bouclier le contour d’une bombe, au centre duquel se trouve le chiffre 1, 2 ou 3 correspondant à la classe.
Dimensions de l’insigne :
Envergure des ailes : 74 mm
Largeur maximale : 28 mm
Largeur des ailes : 9 mm
Longueur des lames : 34 mm
Largeur des lames : 2,5 mm
Distance entre les extrémités des lames : 20 mm
Hauteur du bouclier : 19 mm
Largeur du bouclier : 15 mm
Diamètre de l’étoile : 8 mm
Hauteur du contour de la bombe : 13 mm
Largeur du contour de la bombe : 6 mm
Largeur de la partie inférieure du volant : 5 mm
Largeur de la partie supérieure du volant : 2,5 mm
Longueur des branches de chêne : 19 mm
Longueur des branches de laurier : 16 mm
Pour les insignes de pilote : hauteur des chiffres 8 mm, largeur 2 mm.
Pour les insignes de navigateur : hauteur des chiffres 6 mm, largeur 1,5 mm.
L’insigne est légèrement courbé selon l’envergure des ailes.
Il est fabriqué en métal estampé d’une seule pièce.
Au revers, il comporte une épingle de fixation pour être porté sur l’uniforme.
Chef du département du ravitaillement en équipements du ministère de la Défense de l’URSS
Général-major du service de l’intendance N. Simonenkov
4 – Annexe 2 : Qu’est-ce qu’un pilote « sans-classe »?
Le terme « pilote sans classe » désignait un pilote qualifié mais n’ayant pas encore atteint le niveau minimal pour obtenir la 3ᵉ classe.
Autrement dit :
- il avait terminé sa formation initiale,
- était autorisé à voler (parfois en escadrille d’entraînement ou en unité opérationnelle),
- mais n’avait pas encore démontré les compétences et l’expérience exigées pour le brevet de 3ᵉ classe.
C’était donc un niveau transitoire, un peu comme un “pilote opérationnel débutant”.
On pouvait se retrouver “sans classe” dans plusieurs cas :
- Jeune diplômé d’une école d’aviation militaire — tout juste affecté à une unité.
- Pilote récemment converti sur un nouveau type d’appareil (ex. : passage du MiG-21 au MiG-29).
- Pilote rétrogradé temporairement (après une faute, un accident ou un résultat médiocre à un contrôle).
- Pilote en attente d’évaluation annuelle, car la qualification de classe était renouvelée ou confirmée à intervalles réguliers.
Le brevet de pilote de 3ᵉ classe (лётчик 3-го класса) :
Niveau de base, attribué aux pilotes ayant terminé leur formation dans une école d’aviation militaire et ayant acquis une certaine expérience pratique.
Ces pilotes sont qualifiés pour piloter en conditions normales sur leur type d’avion (souvent des chasseurs, bombardiers ou avions de transport).
Critères typiques :
Avoir terminé la formation initiale.
Heures de vol : environ 150–200 heures.
Être capable de voler de jour et dans de bonnes conditions météorologiques.
Le brevet de pilote de 2ᵉ classe (лётчик 2-го класса)
Représente un niveau intermédiaire de maîtrise.
Le pilote est jugé capable de voler dans des conditions plus complexes, y compris de nuit et par mauvais temps, et de remplir des missions tactiques.
Critères :
Expérience : plusieurs années de service après l’obtention du brevet de 3ᵉ classe.
Heures de vol : environ 400–600 heures.
Maîtrise de plusieurs types de missions et manœuvres de combat.
Bon dossier disciplinaire et de sécurité aérienne.
Le brevet de pilote de 1ʳᵉ classe (лётчик 1-го класса)
C’est le plus haut niveau de qualification ordinaire pour un pilote d’aviation soviétique.
Il atteste d’une maîtrise complète de l’appareil, d’une excellente condition physique, et d’une fiabilité opérationnelle exemplaire.
Critères :
Environ 800 à 1000 heures de vol (parfois plus).
Aptitude à exécuter toutes les missions, de jour comme de nuit, dans n’importe quelles conditions.
Capacité à former d’autres pilotes.
Souvent attribué à des officiers expérimentés ou des commandants d’escadrille.
Le Знак «Лётчик-снайпер» ВВС СССР (Insigne « Pilote tireur d’élite » de l’Armée de l’air soviétique) était une distinction honorifique décernée aux pilotes militaires ayant démontré une maîtrise exceptionnelle du pilotage et des compétences de tir dans des conditions de combat difficiles.
Ce titre a été officiellement introduit le 20 septembre 1971 par le Conseil des ministres de l’URSS (décret n° 679-199), établissant des distinctions pour les pilotes et les navigateurs ayant atteint un niveau de compétence élevé en vol et en tir. Les pilotes devaient remplir des critères stricts, notamment la capacité à effectuer des missions de combat complexes dans des conditions météorologiques défavorables et à atteindre des cibles avec précision.
Il faut être pilote de 1ère classe pour en bénéficier