Les reportages photographiques sur les fabriques horlogères s’attardent souvent sur les séances de gymnastiques collectives.
A la fabrique de Petrodvorets en 1958:
A ce qui semble être la fabrique de Tchistopol en 1962:
A la fabrique de Minsk en 1976:
Toujours à la fabrique de Minsk, en 1985:
Le régime soviétique a toujours encouragé l’activité sportive de masse. Il y avait plusieurs motivations: idéologiques (un esprit sain dans un corps sain), sanitaires (ces exercices constituaient un élément de la médecine préventive), militaires (pour les forces armées héritent de jeunes gens en bonne condition), économiques (pour augmenter la productivité), etc.
C’est en 1956 qu’a été instaurée dans la « gymnastique industrielle »: des exercices collectifs matinaux. En règle générale, ils avaient lieu deux fois par jour durant chaque fois dix minutes. Elles avaient lieu une heure ou deux avant le déjeuner et une heure avant la fin du travail.
Ces séances étaient appelées « gymnastique au travail » (производственная гимнастика) et parfois « minute d’éducation physique » (Физминутка). Les exercices étaient assez simples : marcher, s’étirer, se pencher, s’accroupir. Entre 1961 et 1991, un programme spécial de dix minutes a été diffusé tous les jours de la semaine sur la station de radio de l’Union (Radio-1). À 11 heures, les voix saluent les Soviétiques et les invitent à faire quelques exercices.
Au début des années 1970, un poste de moniteur de gymnastique est apparu dans les grandes usines et les bureaux, qui était responsable de l’organisation (et d’autres événements sportifs). Ci-dessous: un insigne d’animateur de gymnastique industrielle formé par le Spartak de Moscou (voir ici l’histoire du Spartak) :
Témoignage: « Il se trouve que j’ai travaillé dans une usine de bijoux en URSS. Là, deux fois par équipe, tout le monde, sans exception, faisait de la simple gymnastique ‘industrielle’. J’étais très jeune à l’époque et, au début, cela m’a semblé idiot. Mais, après quelques mois de travail sédentaire, j’étais déjà heureux de m’échauffer et je faisais cette gymnastique avec joie. Ce n’est que maintenant que je réalise à quel point c’était génial ».
Pendant la perestroïka, la gymnastique est devenue une formalité. Elle a parfois été remplacée par le tennis de table à l’heure du déjeuner. Des blagues à ce sujet ont même été publiées dans le magazine satirique Krokodil. Elle a progressivement été abandonnée et a cessé avec l’effondrement de l’URSS.