Lazar Papernik est né en 1918 dans la ville de Slavouta, en Ukraine. Son père travaillait dans les chemins de fer. En 1932, Lazar déménage à Moscou et, après avoir terminé ses études, il travaille à la Première Fabrique de Montres de Moscou, où il devient contremaître à la fin des années 1930. Il aime le sport, joue au football, fait de l’équitation et du vélo (il a même organisé un groupe de cyclistes). Associé à l’Organisation de la défense civile, Lazar étudie l’ingénierie de combat, qu’il enseigne ensuite à de jeunes soldats. Lorsque la fabrique refuse de l’envoyer à l’école d’aviation, il organise un club de l’usine composé de pilotes de planeurs et de parachutistes, où il s’initie au vol. Il s’entraîne également au tir et devient tireur d’élite.
Le 22 juin 1941, le jour où l’Allemagne a attaqué l’Union soviétique, Papernik s’est porté volontaire pour rejoindre l’Armée rouge. Le 23 janvier 1942, une contre-offensive soviétique est lancée près de la ville de Kalouga, au sud de Moscou. Un détachement de 25 skieurs camouflés, parmi lesquels Lazar Papernik, qui appartenait à la brigade des missions spéciales du NKVD, s’est infiltré derrière les lignes allemandes, atteignant le village de Khloudnevo. Leur mission était de tenir le village jusqu’à ce que le gros des troupes soviétiques puisse les rejoindre et d’empêcher les troupes allemandes d’être renforcées. L’unité a attaqué des forces allemandes supérieures comptant 400 hommes, combattant toute la nuit. Cependant, les principales forces d’attaque soviétiques ne sont pas arrivées à temps.
Au cours d’une bataille nocturne, le détachement perd la plupart de ses membres et son commandant, le capitaine Lazniouk, est grièvement blessé. Le commissaire politique Yegorshev, qui l’avait remplacé, ayant également été tué, Lazar Papernik prit le commandement. Après plusieurs heures de combat, à court de munitions, Papernik se fait sauter avec sa dernière grenade, ainsi que les soldats allemands qui se trouvaient près de lui. Il les empêche ainsi de s’emparer du village. Trois jours plus tard, les troupes soviétiques s’emparèrent de Khloudnevo, après quoi les événements de la mort héroïque de Papernik furent révélés. Il fut enterré avec d’autres membres de l’unité près du village.
La sœur de Papernik, Zinaida Papernik, a écrit à la division dans laquelle son frère avait servi : « Je suis profondément affectée par la nouvelle de la mort de mon frère :Je suis profondément affectée par la nouvelle de la mort de mon frère. Chers camarades, jusqu’à la fin de mes jours, je vous serai reconnaissante d’avoir mis dans la triste notification officielle de la mort de mon frère tant de chaleur et de sympathie fraternelle…..Veuillez transmettre aux hommes de l’unité du capitaine Lazniuk que nous soutenons tous ceux qui vont venger la mort de mon frère et le sang de nos skieurs héroïques.Lorsque l’ennemi sera enfin rayé de la surface de la terre, un monument sera érigé sur la tombe des 23 skieurs, et les parents, les amis et les camarades de combat viendront leur rendre hommage….' »
Par décret du Présidium du Soviet suprême de l’URSS, le 21 juillet 1942, le soldat de l’Armée rouge Papernik Lazar Haimovich a reçu à titre posthume le titre de Héros de l’Union soviétique, l’Ordre de Lénine et la médaille « Étoile d’or »:
Peu après sa mort, Lazar Papernik est devenu le symbole du combattant qui s’est sacrifié pour la patrie soviétique. En février 1942, le principal journal soviétique, la Pravda, a relaté l’acte héroïque de Papernik et de ses camarades. Les Juifs soviétiques le considéraient comme l’un de leurs principaux héros de la Seconde Guerre mondiale, une source de fierté nationale juive. Un article intitulé « Leizer (Lazar) Papernik, héros de l’Union soviétique » de Semion Goudzenko, poète et correspondant de guerre juif soviétique, publié le 5 août 1942 dans le journal yiddish Eynikayt du Comité juif antifasciste, soulignait notamment que Papernik combattait les nazis pour venger le génocide des juifs : « Dans cette bataille, il a vengé son Ukraine bien-aimée et ses frères assassinés, les milliers de Juifs qui avaient été torturés et tués à Kiev et à Odessa ». En 1943, un livre en yiddish de Semion Goudzenko portant le même titre que son article dans Eynikayt a été publié à Moscou par la maison d’édition Der Emes.
Article de la Komsomolskaia Pravda n°149 du 1et août 1942:
Peu après la guerre, un monument à la mémoire de Lazar Papernik a été érigé à Moscou et une plaque en son honneur a été apposée dans la 1ère Fabrique de montres de Moscou. Des rues de Moscou et de Slavouta portent le nom de Lazar Papernik. L’école moscovite n° 2090 porte également son nom. Au club Djerzinski de Moscou se trouve un bas-relief créé par le sculpteur juif Iosif Chaikov. Il représente, entre autres, le jeune horloger étudiant le mécanisme d’une horloge, juxtaposé à des soldats soviétiques combattant les Allemands. Au centre se trouve la figure d’un jeune combattant sous laquelle on peut lire « Lazar Papernik Héros de l’Union soviétique ». En 1948, le jeune poète soviéto-yiddish Chaïm Beider lui a dédié un poème en yiddish intitulé « Rue Papernik ». Une nouvelle statue fut érigée à Moscou le 9 mai 2000:
Près du village de Khloudnevo, un mémorial rappelle la bataille inégale entre le détachement de skieurs et les hitlériens.
La 1ère Fabrique de Montres de Moscou a également fabriqué un calendographe en son honneur: