L’horloge des Portes de Minsk

Les « Portes de Minsk » sont deux hautes tours symétriques dans le style du classicisme stalinien qui combine des éléments du baroque, du classicisme tardif et de l’art déco. Le complexe architectural se composait de deux tours de 11 étages placées aux angles des maisons de 5 étages, disposées symétriquement par rapport à l’axe transversal de la place Privokzalna.

L’architecte de ce projet est Boris Rubanenko, né à Leningrad. De 1947 à 1952, l’architecte a réalisé la reconstruction complète du quartier de la gare dévasté par la guerre. En 1945, des fouilles archéologiques ont été menées dans la ville de Minsk avant la construction de la station de métro Nemiga. Les chercheurs ont alors découvert les vestiges de l’ancienne porte en bois. C’est à cet endroit qu’ils ont décidé de construire les « Portes ». Les Portes de Minsk ont été conçues pour être érigées sur des immeubles à appartements de cinq étages, où vivaient les cheminots à l’époque soviétique.

Le chantier a été dirigé par Ivan Sokolov ; l’ingénieur en chef était Nikolai Poznyak. Les travaux du chantier ont été directement gérés par les chefs de chantier Sergei Gerashchenko et Vasily Polunin. Pour la première fois, une grue à tour à montage automatique a été utilisée pour la construction des tours. Au cours de l’édification des bâtiments, nous avons dû surmonter de nombreuses difficultés : approvisionnement en métal, en matériel électrique, fourniture et installation d’ascenseurs…

La tâche la plus difficile a été d’assembler des horloges mécaniques dont le diamètre du cadran dépassait 3,5 mètres sur l’une des tours. Elles avaient été apportées à Minsk par un échelon de l’équipement ferroviaire en guise de trophée de l’Allemagne vaincue. L’horloge était déjà ancienne et on ne sait pas où elle a été fabriquée ni qui en est l’artisan. On suppose qu’elle provenait de Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad).

La ville, capitale de l’ordre des chevaliers teutoniques, décrétée « le bastion absolument imprenable de l’âme allemande » par Hitler, avait été fortifiée à l’extrême et elle était défendue par 130 000 hommes. 250 000 soldats soviétiques donnèrent l’assaut. La bataille fut acharnée: les soviétiques perdirent 60 000 hommes, les hitlériens eurent 42 000 morts et 92 000 prisonniers.

A l’origine, l’horloge était commandée par des pignons mécaniques et un énorme poids, dont un câble était tendu dans la cage d’ascenseur sur six étages. L’ancien mécanisme a fonctionné pendant toute l’ère soviétique (il n’a été modifié en 1980, à la veille des Jeux olympiques de Moscou). Il a été remplacé à la fin du siècle par une horloge électrique. Le cadran de l’horloge est le plus grand de Biélorussie, avec un diamètre de plus de 3,5 mètres, et l’aiguille des minutes mesure 169 centimètres de long.


La deuxième tour est ornée d’un emblème en béton armé de la République socialiste soviétique de Biélorussie, qui a été coulé sur commande spéciale. À une altitude de 30 mètres, on peut voir les sculptures de l’ouvrier, de la kholkozienne, de l’ingénieur et du soldat, situées le long du périmètre de chaque tour. Dans les années 70, les sculptures en béton ont été temporairement démontées en raison de leur destruction, mais après un certain temps, elles ont été restaurées à l’aide d’un matériau plus durable, le silumin.