La colline du kourgane Mamaïev, à Stalingrad, fut l’objet d’âpres combats entre les troupes hitlériennes et soviétiques, car la possession de cette hauteur surplombant la ville était d’une importance stratégique. C’est un des points, sinon le point, où les combats de Stalingrad furent les plus acharnés. La colline changea plusieurs fois de mains. À la fin de la bataille, le sol gorgé de sang de la colline avait tellement été bouleversé par la bataille qu’il contenait entre cinq cents et mille deux cent cinquante éclats métalliques au mètre carré. Au printemps suivant, la colline resta noire car aucune végétation ne put repousser sur le sol dévasté.
Après la guerre, les autorités soviétiques décidèrent d’y édifier un Mémorial qui fut construit entre 1959 et 1967. Plus de 35000 défenseurs de la Stalingrad sont enterrés dans le Mémorial qui est couronné par une gigantesque allégorie : la statue de la Mère-Patrie (en russe : Родина-мать зовёт! : « L’Appel de la Mère-Patrie » ou « La Mère-Patrie appelle ! »). Elle garde le pays, et avec son épée pointant vers le ciel, défie tous ceux qui oseraient s’attaquer à ses enfants. Cette œuvre monumentale a été créée dans le style réaliste socialiste par le sculpteur Evgueni Voutchetitch (1908-1974), qui a été récompensé pour cette réalisation par la médaille de Héros du travail socialiste, à son achèvement en 1967.
La statue est haute de 85 m ; elle est composée de 5 500 tonnes de béton et 2 400 tonnes de métal. L’épée mesure 33 m et pèse 14 tonnes, tandis que la partie suspendue du châle (en porte-à-faux) pèse 250 tonnes. L’épaisseur de béton de la statue ne dépasse pas 25 à 30 cm. La rigidité de l’ensemble est assurée par une structure complexe de câbles internes tendus. L’épée était à l’origine en acier inoxydable et en feuilles de titane, mais sa tenue au vent a causé des inquiétudes, et elle a été remplacée en 1972 par une structure en acier inoxydable. Au moment de son inauguration, le 15 octobre 1967, elle est la statue la plus haute du monde sans socle.
Une autre statue du même mémorial se retrouve sur les cadrans de montres soviétiques commémoratives de la victoire:
Vassili Tchouïkov, qui dirigeait les troupes soviétiques à Stalingrad, y est inhumé. C’est le premier maréchal de l’Union soviétique qui n’est pas enterré à Moscou.