Les montres Тайна тайги et l’or de Koltchak

L’histoire du trésor de l’amiral Kolchak commence en août 1918 à Kazan, lorsque les troupes du général blanc Kappel reprennent aux bolcheviks la moitié des réserves d’or de l’Empire russe. Koltchak décide de l’évacuation de ce or qui fut divisé en huit convois. De mars à octobre, six d’entre eux ont quitté Omsk et atteint Vladivostok via Oufa et Samara, gardés par des unités tchèques qui ont reçu 750 caisses d’argent pour cette mission. Sur ordres de Koltchak, ces 217 tonnes d’or ont principalement servi comme paiement d’armes et de munitions aux Japonais. Le septième train avec le dernier chargement de 32,8 tonnes d’or a été saisi en octobre 1919 à Tchita par l’ataman Semenov. Il a ensuite remis tous ces objets de valeur aux Japonais.

L’or impérial russe alors qu’il était en transit à Kazan
L’amiral Koltchak

Le plus mystérieux est le sort du huitième et dernier train: des millions de roubles d’or et des dizaines de caisses contenant des lingots ont disparu sans laisser de trace. Dans la zone de la gare de Nizhneudinsk, ce train a été arrêté par les Tchèques blancs qui contrôlaient ces territoires. Les Tchèques, en échange de garanties de sécurité, ont délivré 311 tonnes d’or et l’amiral lui-même au gouvernement local (socialiste-révolutionnaire). Koltchak a ensuite été remis aux bolcheviks qui l’ont jugé et fusillé. L’or restant a été renvoyé la Moscou. Mais en manquait plus de 180 tonnes…

Un des trains de Koltchak pris par l’Armée rouge en Sibérie

Selon une version, Kolchak a ordonné de cacher une partie du trésor avant son arrestation. Les endroits potentiels pour trouver le trésor étaient l’écluse de Maryina Griva dans le canal Ob-Yenisei et les grottes du Sikhote-Alin montagnes du territoire de Khabarovsk. Certains chercheurs pensent qu’une partie de l’or aurait pu être déversée dans l’Irtych ou le Baïkal. Des récits non vérifiés rapportent qu’à la station Taiga, une petite ville née avec le Transsibérien, au 3565e kilomètre de la ligne, 26 caisses d’or ont été déchargées et 13 autres caisses à la gare de Tyreth. Le sort de ces 39 caisses d’or est resté un mystère qui a provoqué plusieurs recherches, à commencer par celles des services de sécurité soviétiques.

La gare de Taïga

Le consortium « Le mystère de Taïga » (консорциума « Тайна тайги », consortium « Taïga Tangui ») a été enregistré le 2 octobre 1990 au Comité exécutif de la ville de Taïga, dans le but déclaré de retrouver le trésor. C’était dans les temps de l’effondrement de l’URSS (quoiqu’avant la fin officielle de celle-ci).
Il s’est vite avéré que l’un des fondateurs, l’Association coopérative de recherche et de production (KNPO) « Médicines », de la ville Tomsk, se livrait à la collecte de plantes médicinales sans l’autorisation appropriée. En outre, la commission adjointe du conseil municipal de Taïga, qui a enquêté sur les activités du consortium, est arrivée à la conclusion que les capacités financières de certains participants au projet de chasse au trésor ne leur permettaient pas de constituer le fonds statutaire officiellement annoncé (10 millions de roubles). Il a également été découvert que la branche de Yalta du KNPO « Médecines », qui figurait parmi les fondateurs, n’avait pas été enregistrée par le Comité exécutif de Yalta.
Lorsque l’attention fut ainsi attirée sur le consortium, les autres fondateurs (la branche de Taïga du chemin de fer de Kemerovo, l’usine de matériaux de construction de Taïga, la colonie de travail correctionnel de la ville) n’avaient pris aucune part aux activités du consortium. La section du KGB de Taïga a officiellement annoncé qu’elle figurait sur la liste des participants « sans son accord » et n’avait qu’un rapport indirect avec les affaires du consortium, se limitant à lui fournir des copies de documents d’archives.
Cependant, les activités du consortium avaient été directement dirigées et soutenues par les autorités locales.
L’ancien chef de la section du KGB de Taïga (devenu ensuite premier secrétaire du comité municipal du PCUS et président du conseil municipal), Vladimir Koudechkine, est devenu le président du consortium. Le siège de « Taïga Tangui » est situé dans le bâtiment du comité du Komsomol de la ville.
La magnifique présentation du consortium a eu lieu à la mi-avril 1991 et a coûté environ un demi-million de roubles. Le conseil régional avait adressé un télégramme aux membres du consortium le 4 octobre 1990, exprimant « leur confiance dans le succès de l’entreprise lancée ».

La gare de Taïga aujourd’hui
Les environs de Taïga vues du Transsibérien

Il y avait pourtant de quoi être sceptiques: le fait même que le KGB ait transféré des documents d’archives concernant les traces du trésor de Koltchak au consortium témoigne que le KGB les pensait sans intérêt. Selon certains, le consortium n’a mené aucune activité réelle à la recherche du trésor et tout suggère que la création du consortium, dès le début, visait d’autres objectifs que la chasse au trésor.
Quoiqu’il en soit, l’enquête sur les affaires du consortium, menée par la commission adjointe de Taïga, a révélé de graves violations dans les actions du consortium. Le 15 juillet 1991, le présidium du conseil municipal de la taïga a annulé l’enregistrement du consortium au motif que ses activités n’étaient pas conformes à sa charte. Le présidium a également demandé au bureau du procureur régional de mener une enquête détaillée sur les activités du consortium…

Il existe plusieurs montres Taïga Tangui sans que l’on sache s’il s’agissait de cadeaux d’entreprise ou de marchandises dont la vente devait financer la société.

Une Taïga Tangui Poljot 2612 « alarme » (photo: Ebay)
Une Taïga Tangui Poljot 2614 (photo: violity)