Constantin Roudnev et le Minpribor (1965-1989)

Né dans la ville arsenal de Toula en 1911, Constantin Roudnev y était devenu ingénieur. Il fit toute sa carrière dans le complexe militaro-industriel où il montra de grandes qualités d’organisateur. Ingénieur en chef à l’arsenal de Toula de 1935 à 1941, directeur de plusieurs grandes fabriques d’armements et instituts de recherche entre 1941 et 1952, vice-ministre de l’armement de 1952 à 1957, ministre et Président du Comité d’Etat du Conseil des ministres de l’URSS pour les équipements de défense en 1958-1961, et Vice-président du Conseil des ministres de l’URSS de 1961.

Constantin Nikolaïevitch Roudnev

Constantin Roudnev a joué un rôle de premier plan dans le programme spatial soviétique. Il avait été le directeur, entre 1950 et 1952, de l’Institut de recherche NII-88. C’est le NII-88 (qui deviendra plus tard l’OKB-1) qui a mis au point les fusées spatiales et missiles balistiques soviétiques. Son ingénieur en chef (« constructeur principal ») n’était autre que Sergueï Korolev. A partir de 1961, Roudnev, comme dirigeant du Comité d’Etat aux équipements de défense, avait la haute main sur le programme spatial. C’est lui qui a reçu le rapport de Gagarine. Ce rôle spécifique est longtemps resté secret. Ainsi, lorsqu’il reçut le titre de Héros du Travail socialiste pour sa contribution au succès du Gagarine, le décret n’en fut pas publié.

La Fabrique d’ordinateurs de contrôle d’Orel a été baptisée en son honneur.

Les principaux membres du NII-88, avec C. Roudnev et S. Korolev
Constantin Roudnev remet les étoiles des héros de l’Union soviétique à Valentina Tereshkova et Valery Bykovsky.

La direction soviétique était consciente de l’importance future de l’automation. Le décret du Comité central du Parti communiste et du Conseil des ministres de l’URSS n° 728 du 10 septembre 1965 « Sur l’amélioration de l’administration industrielle », a réorganisé l’industrie mécanique en fondant un nouveau super-ministère, le Ministère de l’ingénierie des instruments, de l’automatisation et des systèmes de contrôle de l’URSS (Министерство приборостроения, средств автоматизации и систем управления СССР) en abrégé le Минприбор, le Minpribor.

L’ancien Ministère de la mécanique générale et de la fabrication d’instruments a transféré au Minpribor 215 fabriques et 135 instituts de recherche. Les fabriques horlogères étaient du nombre. C’est Constantin Roublev qui fut mis à la tête du Minpribor.

Calendrier du Minpribor

Le Minpribor devait gérer le travail des entreprises du secteur et organisations subordonnées et l’accomplissement des tâches du plan d’État ; mener une politique technique unifiée et atteindre un haut niveau technique et économique de production ; veiller à l’utilisation rationnelle des investissements, à leur efficacité, à la mise en service en temps voulu des installations de production ; améliorer les conditions de travail et à fournir aux entreprises du personnel qualifié.
Le Minpribor chapeautait 10 Directions principales et 21 aux directions et départements. Les Directions principales étaient:
1. La Direction principale pour la production de machines de contrôle et de comptage (Glavelektronschetmash) ;
2. La Direction principale de la production d’instruments de surveillance et de contrôle des processus technologiques (Glavprompribor) ;
3. La Direction principale de la production d’équipements de bureau (Glavvorgtekhnika) ;
4. Direction générale de la production des appareils de mesure électriques et de la télémécanique (Glavelektropribor) ;
5. Direction générale de la production d’instruments d’analyse et de dispositifs en verre et en quartz (Glavanalitpribor) ;
6. Direction générale de la production d’instruments de mesure de grandeurs mécaniques, d’équipements d’essai et de défectoscopie (Glavtochmashpribor) ;
7. Direction générale de la production de dispositifs temporels (Glavchasprom) ;
8. Direction générale de la fabrication d’instruments physiques et hydrométéorologiques (Glavfizpribor) ;
9. Direction générale des systèmes de contrôle automatisé de la production (Glavavtomatika) ;
10. Direction générale des approvisionnements matériels et techniques.

Comme on le voit, ce ministère avait hérité du Glavchasprom fondé en 1946. C’est sous l’autorité de Constantin Roublev que l’industrie horlogère soviétique allait connaître son âge d’or.
Constantin Roublev est mort à Moscou en 1980.

27 mai 1969, Brejnev et d’autres dirigeants du parti et du gouvernement assistent à l’Exposition internationale d’équipements d’automatisation pour les processus de fabrication « Automation-69 » dans le parc Sokolniki. De gauche à droite : K. Roudnev, ministre du Minpribor ; Mikhail Solomentsev, secrétaire et chef du département de l’industrie lourde du Comité central du PCUS ; V. Nesterov, président du présidium de la Chambre de commerce de l’URSS ; Andrei Pavlenko, directeur de l’exposition ; Mikhail Souslov, membre du Politburo et secrétaire du Comité central du PCUS. À l’extrême droite, l’ingénieur en chef du Glavelectropribor, M.S. Shkabardnya. (source)

chronomètre Slava au passeport marqué du Minpribor
Le Glavchasprom est devenu Soyouzchasprom (Союзчаспpом)

En 1989, le Minpribor a été fusionné avec le Ministère de l’industrie électrotechnique pour constituer le Ministère de l’industrie électrotechnique et de l’ingénierie des instruments de l’URSS (Министерство электротехнической промышленности и приборостроения).
Les fabriques et instituts de recherche de l’ancien Minpribor ont été transférées soit à ce nouveau ministère, soit au ministère de l’industrie radiophonique, soit enfin – et c’est le cas des fabriques horlogères – au Ministère de la construction mécanique générale de l’URSS (Министерству общего машиностроения СССР).