Le 22 juin 1941, l’Allemagne hitlérienne attaque l’Union soviétique. Dès les premiers jours de la guerre, la production de réveils et d’horloges est arrêtée à la 2e Fabrique de Montres de Moscou. La production de montres de poche est fortement réduite. Les commandes militaires augmentent considérablement. De nombreux travailleurs sont enrôlés dans l’armée et environ 200 d’entre eux s’engagent dans la milice populaire. Leurs postes sont occupées par des femmes et des adolescents. La journée de travail est portée de 8 à 12 heures. Lorsque des lignes de défense doivent être construites autour de la capitale les employés de 2eFMM y travaillent.
«Il est difficile d’oublier le Moscou de cette époque, se souvient Nikolaï Serguéevich Loukyanov, qui était alors directeur de la fabrique. La ville est assombrie. Les fenêtres des maisons sont barrées de bandes de papier. Les vitrines des magasins sont obscurcies par des sacs de sable. Des tas de sable sur les greniers et les toits, avec des pelles et des pinces pour neutraliser des bombes incendiaires. Des ballons de barrage se déplacent dans les rues qui, la nuit, comme certains monstres, planent haut dans le ciel. Il y a une structure fantastiquement peinte à côté de l’usine dans un parc. Et l’usine elle-même est peinte, on ne la reconnaît pas tout de suite. Mais la vie bat son plein. Lors d’un raid aérien, personne ne quitte son lieu de travail. Pas de panique ni de découragement. Depuis le poste de commandement sur le toit du bâtiment principal, vous pouvez voir des traces de balles traçantes, des explosions d’obus, et moins souvent un rapace allemand pris dans les faisceaux croisés des projecteurs. »
La résolution n°180 du Conseil d’évacuation du 15 octobre 1941 a surpris la direction de la fabrique. Le 20 octobre 1941, l’évacuation commence et le 13 novembre, les derniers groupes de travailleurs et l’administration de l’usine sont envoyés à Kazan, en attendant d’atteindre Tchistopol, leur destination finale. 170 wagons d’équipements et de biens ont été évacués, 488 personnes, dont 128 ingénieurs.
Le chemin depuis Moscou n’a pas été facile. Bien que les premières wagons soient arrivées à Kazan le 1er novembre (avec l’ingénieur en chef K.N. Parchinov), seules 28 wagons ont été envoyées plus loin à Tchistopol.
La navigation sur la Kama n’était plus possible à cause des glaces et les machines, matériels et autres équipements sont restés en plein air sur le quai de Kazan.
Par la suite, deux hangars ont été attribués, où les équipements restés Kazan furent stockés. Mais il était évident que ces hangars seraient inondés au dégel, au printemps et qu’il fallait chercher un nouvel endroit.
Cela fut difficile pour les premiers ouvriers arrivés à Kazan. Après les wagons glaciaux, dans lesquels ils ont voyagé avec leurs familles depuis Moscou pendant des semaines, ils ont été logés dans un bâtiment scolaire, à Kazan, près de la jetée, qui s’est également avéré non chauffé.
Quelques travailleurs qui ont réussi à se rendre à Tchistopol à leurs risques et périls ont également cherché du travail par eux-mêmes. Untel est engagé un contrat pour la préparation du bois de chauffage, tel autre ira travailler dans un kolkhoze.
Le conseil municipal de Tchistopol n’avait aucune instruction quant à la réception et l’installation d’une fabrique horlogère. Ce n’est qu’après des appels au Comité régional tatare du PCUS, du Conseil économique et du Commissariat de l’arme des mortiers de l’URSS, que les choses avancèrent.
La distillerie de Tchistopol fut affectée à la production horlogère. Elle faisait 2.000m² de surface, ce qui ne représentait que 25% de la surface requise. Néanmoins, cela a permis de démarrer le montage de l’atelier automatique, qui avait été amené de Kazan par des véhicules hippomobiles. En décembre 1941, environ 2.000 fournitures arrivèrent. Le problème de la fourniture d’électricité fut résolue en utilisant un vieux moteur d’un tracteur… Le crédit de cette mise en œuvre peut être mise à des cadres efficaces et dévoués comme le mécanicien en chef Ivan Vasilyevich Sourine, les spécialistes des machines automatiques Dmitri Pétrovich Sinitsine et le plombier Fyodor Konstantinovich Sarychev.
L’âme du collectif était le chef du laboratoire de chimie V. V. Radziminsky, qui même dans ces conditions a réussi à organiser des spectacles d’amateurs. La nourriture et les conditions de vie des travailleurs s’améliorèrent progressivement.
Au début de 1942, commence la production de fusibles magnétiques, de chemises pour grenades, et un peu plus tard, de dispositifs automatiques pour ouvrir les parachutes. Au printemps 1942, le matériel restant arrive de Kazan et, en juin, la fabrique est pleinement opérationnelle. Outre les produits purement militaires, la production en série de montres-bracelets K-43 pour les officiers, et des horloges de navires est relancée.
Dès l’apparition des premiers ingénieurs et techniciens de Moscou à Tchistopol, la formation horlogère de la population locale a commencé. En 41-42, 2.500 personnes ont été formées dans diverses spécialités.
A Moscou, le travail a repris avec les travailleurs du personnel restés à Moscou et dans la région. Des adolescents et des adolescentes de 12 à 14 ans en font partie, parmi lesquels plusieurs orphelins des ouvriers de l’usine. Sergueï Dmitrievitch Tarasov a été nommé directeur de la fabrique (et plus tard, en 1942, Ivan Serguéevich Vinogradov). À la fin de 1941, la tâche était difficile, mais la production la production de grenades, et d’éléments pour viseurs commence, grâce aux responsables du département technique (Pavlenko Boris Vasilyevich), de l’AOP (Zorin Pyotr Ivanovich), du département de planification (Minenkov T.N.), etc.
La production dans les ateliers était combiné avec le creusement de fossés antichars, la vigie anti-aérienne sur les toits, l’enseignement général. En 1942, l’usine a reçu une mission pour développer un détonateur à retardement pour les obus anti-aériens.
La même année, la fabrique, subordonnée au Ministère de l’Arme des mortiers de l’URSS, devient la fabrique n°853 (la fabrique de Tchistopol avait à cette époque le n°835).
Un certain nombre de cadres intermédiaires sont rappelés de Tchistopol à Moscou. Le travail de rationalisation est organisé. La vie de la fabrique est couverte dans le journal mural За Победу (Za Pobedu, Pour la Victoire).
En 1943, la fabrique n°853 était entièrement opérationnelle pour la production militaire. Ivan Ivanovich Bocharov en est nommé directeur.
Les principaux ateliers et départements sont entièrement équipés. Près de 2.000 personnes (presque qu’autant qu’avant-guerre) y travaillent. Parallèlement à la production d’équipements de défense, la relance de la production civile commence. Par décision du Commissariat du peuple à l’arme des mortiers du 15.02.43, une partie du matériel est restituée à l’usine, ainsi que des spécialistes de Tchistopol pour la production de montres de calibre 36 et 43, d’horloges, de réveils et de pendules.
C’est aussi en 1943, une crèche et un jardin d’enfants ont été ouverts et une auberge pour travailleurs a été créée. Pour améliorer l’approvisionnement, un OPC (département de l’approvisionnement des ouvriers) et une ferme ont été organisés, où des légumes sont cultivés pour la cantine. Un camp de pionniers était ouvert aux écoliers l’été.
À l’automne ’43, avec la participation active de spécialistes de la 2FMM, une fabrique horlogère est créée dans la ville de Serdobsk, dans la région de Penza. En 1944, 7.000 horloges sont produites à Serdobsk.
Par ordre du Commissaire du peuple à l’Arme des mortiers, G. I. Parchine, du 14/02/1943 n°459, l’Institut de recherche NII-5 est créé pour l’industrie horlogère. Cette date est considérée comme l’anniversaire de NII Chasprom. L’institut a reçu son vrai nom en mai 1944.
Depuis janvier 1944, l’institut est installé sur le territoire de la 2FMM. Dans la structure de l’institut, il y avait des départements de veille et de technologie, ainsi que des départements de construction de machines-outils et de normalisation. La création d’un laboratoire physico-technique, chimique et métallurgique était également envisagée. À la fin de 1944, 110 personnes travaillaient à l’institut.
En 1944, un atelier de machines-outils est créé à l’usine n°853. Il était urgent de le faire, car l’essentiel du matériel restait à Tchistopol. La qualité et le niveau technique des machines étaient si bons que l’une d’entre elles a été exposée au salon des machines-outils du Commissariat du Peuple.
La même année, les préparatifs ont commencé pour la production de montres-bracelets et de montres de poche, ainsi que du réveil K-6 modernisé. Une retour partiel de la fabrique de Tchistopol vers Moscou commença.