Les montres à heure sautante

L’horloger français Blondeau invente vers 1830 une complication horlogère inédite et une lecture de l’heure différente. Il fabrique alors une montre de poche pour le roi Louis Philippe. L’indication de l’heure est au format numérique et s’affiche dans un guichet. Le chiffre change automatiquement à chaque passage d’heure.
L’heure sautante apparaît sur les montres bracelet dans les années 20. Audemars Piguet conçoit la première montre-bracelet à heure sautante, munie du calibre HPVM10 » en 1921, suivront Cartier en 1929 avec sa Tank, IWC, Vacheron Constantin, Rolex avec son modèle Brancard… Le guichet offre une nouvelle architecture de cadran qui s’adapte parfaitement au rectangle, forme de prédilection de l’Art déco.

C’est un genre de montre complexe, et rarissime dans la production horlogère soviétique.
On n’en connait que deux modèle, dont l’un n’est sans doute qu’un prototype.

Il y a d’abord ces montres, produites par la Fabrique de Montres de Penza.
La production totale s’est élevée à 1000 exemplaires en 1975 et 500 exemplaires en 1976.
Leur mécanisme est le Zaria 2006 (En savoir plus sur le mécanisme).

La montre et son mécanisme apparait dans l’ouvrage classique ^publié en 1977 par A. P. Karitonchouk: Livre de référence pour la réparation des montres (Справочная книга по ремонту часов)

Un second exemplaire remarquable pour deux raisons:

D’abord parce que le mécanisme est marqué 2033

Ensuite parce qu’il s’agit de la montre de Féodor Mikhailovich Koulikov.

Féodor Mikhailovich Koulikov est né en 1925. Fils adoptif dans la famille d’un cheminot, son père, bon spécialiste, est muté en 1929 à Penza. Étudiant à l’école technique de mécanique de Penza, Avec d’autres étudiants de l’école technique de mécanique de Penza, il travaille à la fabrique Frounzé, la ZIF, plus tard renommée Fabrique de Montres de Penza. Il travaillait sur une perceuse à la fabrication des fusibles pour munitions. Féodor quitte en février 1943 l’école et la production pour monter au front. Il combattra comme mitrailleur de la 12e brigade aéroportée de la garde, sur le front de Carélie.

En 1949, il est diplômé de l’école professionnelle de Penza n°6 (école technique de construction de machines de Penza), où il dirigear le comité du Komsomol. Il sera ensuite technicien puis d’histoire au lycée. Il devient après cela fonctionnaire politique: en 1955 il est Premier secrétaire du Comité municipal de Penza du Komsomol. Il gravit ensuite les échellons du Parti communiste d’Union soviétique. En 1975, année où il reçoit pour ses 50 ans cette montre, il est secrétaire du Comité régional de Penza du PCUS. Pendant plus de 30 ans, il a travaillé au sein du Comité régional de Penza du PCUS et contribuera au développement industriel de la région jusqu’à son admission à la retraite, en 1990.

Pour voir un troisième exemplaire d’une Zaria heure sautante: cliquer ici

Le second modèle est cette Luch de la Fabrique de Montres de Minsk, basé sur le mécanisme 1809, et dont on ne connait qu’un exemplaire.
La finition de cet exemplaire est très soignée. Le cadran était bleu à l’origine mais il a tourné au brun avec le temps. L’absence d’inscription ou de marquage laisse penser qu’il s’agit d’une pièce expérimentale.
Autre élément renforçant cette hypothèse, le mécanisme porte la référence 1809 alors qu’il a été transformé pour le dispositif d’heure flottante et qu’ainsi sa référence aurait dû être 1806.

Le mécanisme de l’heure sautante est original. Un fil repose contre le disque et reste droit jusqu’à ce qu’il se plie tellement qu’il saute sur le disque adjacent. La différence par rapport à 1809 réside uniquement dans la roue de la montre, dans laquelle un fil est enfoncé. Simple et élégant.

Origine des montres présentées: forum watch.ru