Les montres Serkisof Demiryolu étaient très populaires dans l’Empire ottoman entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Le fondateur de l’entreprise était le bijoutier arméno-turc Serkisof (arménien: Սարգիսով), qui a fondé Serkisof Demiryolu en 1880. Les clients de sa société étaient des hauts fonctionnaires et des hommes d’État de l’Empire ottoman. Les montres ont été assemblées manuellement et comprenaient des pièces en métaux précieux.
Depuis l’origine, Serkisof est le fournisseur exclusif de montres de la compagnie de chemin de fer nationaux. Il s’agissait à l’époque des Chemins de Fer Ottomans d’Anatolie (Osmanlı Anadolu Demiryolları). Serkisof Demiryolu pourrait d’ailleurs se traduire par Ferrovière Serkisof.
On sait très peu de choses sur la vie de Serkisof. Il est né à Constantinople dans une famille d’entrepreneurs arméniens. On sait que Serkisof a acheté un petit manoir et s’est marié avant sa disparition. Selon certaines sources, la famille de Serkisof a quitté la Turquie dans les années 1920. Très probablement, lui et sa famille ont été tués pendant le génocide arménien.
Après la disparition de Serkisof, Serkisof Demiryolu a été vendu à un importateur de montres turc, qui a continué à fabriquer des montres haut de gamme. Dans les années 50 et 70, Serkisof a importé en masse des montres de gousset Molnjia 3602, toujours à destination des chemins de fer turc (regroupés et nationalisés depuis 1929 dans les Chemins de Fer Nationaux de la République de Turquie (Türkiye Cumhuriyeti Devlet Demiryolları) les TCDD.
Il ne s’agissait pas de montres de service : Les TCDD offraient ces montres aux travailleurs à leur retraite. Les Seiko ont remplacé les Molnija dans les années ‘80 puis la tradition s’est perdue faute de crédits. Dans les années 70 et 80, ces montres Demiryolu étaient courantes dans les familles turques. Elles avaient une réputation de fiabilité supérieure aux produits européens ou japonais.
Le Serkisof ci-dessous n’est pas une montre Demiryolu, et cela ne se remarque pas seulement au fond différent, mais aussi au petit motif rouge du cadran qui est proche du motif « roue ailée » des chemins de fer, mais qui représente une sorte de phénix.
Ce motif de phénix se retrouve sur le cadran de la montre de la publicité ci-dessous:
Des Molnija Serkisof « chemin de fer » étaient encore produite à la fin des années ‘80. Il faut supposer que Serkisof en vendait aussi directement à des particuliers, profitant de l’image donnée par ses contrats avec la TCDD.
Serkisof a aussi importé des réveils soviétique et des montres bracelets (Slava 2427, Vostok 2209…) sous sa marque. C’est pour les Turcs l’équivalent de Sekonda pour les Britanniques.
Sources :
Art-A-Tsolum
Watchuseek
collection Dashiell
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