Raketa 24 heures « Arktikougol »

(collection B. Hanoï)

Montre bracelet Raketa, , mécanique, 24 heures, commémorative, de la Fabrique de Montres de Petrodvorets
Motif du cadran : Carte du grand nord soviétique et l’archipel des Spitzberg et mentions sur le cadran : 60 лет Арктикуголь
Boîtier : Laiton chromé, type 478 (à deux couronnes)
Type de fermeture du fond : Clipsé
Gravure sur le fond : 373
Mécanisme : Raketa 2623.H à 19 rubis (24 heures)
Mentions sur le calibre : 2623.H, SU (soviet union) sur le pont, logo Raketa (raquette symbolisée) sur la platine).
Date de fabrication : 1991
Diamètre sans couronne : 39mm
Largeur avec couronne : 41mm
Dimension de corne à corne : 42mm
Épaisseur : 11mm
Entre-cornes : 18mm

Le 9 février 1920 le Svalbardtraktaten (Traité concernant le Spitzberg) reconnaît la souveraineté norvégienne sur l’archipel mais les îles ont été déclarées zone démilitarisée et  les citoyens de divers pays reçoivent le droit d’exploiter les ressources (pêche et charbon) sur un pied d’égalité absolu. Les signataires originaux incluent l’Australie, le Danemark, la France, l’Italie, le Japon, les Pays-bas, la Norvège, la Suède, le Royaume-Uni, les Etats-Unis. L’URSS l’a signé en 1924 et l’Allemagne en 1925. La Norvège assure le gouvernorat de l’archipel à partir de 1925 et le droit d’exploiter les ressources de l’archipel ne sera exploité que par la Norvège et l’URSS.
En 1923, la société d’état Severoles (Северолес, chargée d’exploiter les ressources du grand nord soviétique, essentiellement à cette époque des industries forestières) achète une partie des actions de la Société Anglo-Russe Grumant, propriétaire du charbonnage du même nom aux Spitzberg (à l’époque de la NEP, ces sociétés mixtes, associant les investisseurs européens ou américain et les sociétés d’état soviétiques, ne sont pas rares). En 1925, une expédition soviétique dirigée par le professeur A. N. Sidorovim évalue la possibilité d’étendre la production de charbon. La société par actions Grumant Russe (Русский Грумант) est créée la même année. En 1927, cette société achète la société foncière suédoise Pyramidenberg, propriétaire depuis 1910 d’un gisement de charbon, toujours aux Spitzberg. En 1931, la société d’État Soyouzlesprom rachète les droits de la société Grumant.

Le 7 octobre 1931 un décret du Conseil des commissaires du peuple de URSS décide de l’organisation d’une société d’État pour l’extraction et la commercialisation du charbon dans la région arctique sous le nom de Arktikougol (Арктикуголь, « charbon arctique »). Cette société hérite de tous les biens et droits de l’URSS dans l’archipel de Svalbard. Le 25 juillet 1932, à Berlin, Arktikougol achète à la société néerlandaise Nespiko les mines de charbon de Barentsburg et le complexe de Boheman Tundra situé sur la côte nord de l’Isfjorden. Les terrains (au total 251km²), les mines, les machines, équipements et autres actifs, sont acquis pour 1.250.000 florins. En 1932, Arktikougol commence l’exploitation des mines de Grumant et de Barentsburg et entreprend la mise en exploitation du gisement de Pyramiden. Le but était économique mais aussi politco-stratégique : Arktikougol assurait une présence soviétique dans le Svalbard.

Les trois mines de l’Arktikougol aux Spitzberg

En 1936, la principale mine, Barensburg, produit un million de tonnes de charbon. Dans l’avant-guerre, les trois mines produisent ensemble environ 3 millions de tonnes de charbon par an, ravitaillant les régions de Mourmansk et Arkhangelsk. Des milliers de soviétiques y travaillaient et disposaient d’une monnaie spéciale (qui est aujourd’hui collectionnée). Le dernier navire chargé de charbon extrait au Svalbard prend la mer le 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’URSS. Barentsburg deviendra une étape de la route des convois apportant l’aide militaire des alliés. Environ 2.000 membres du personnel de mines d’Arktikougol sont évacués vers Arkhangelsk par la flotte britannique, et les stocks de charbon sont incendiés sur les ordres du commandant anglais. Le 8 septembre 1943, le cuirassé Tirpitz, le croiseur de bataille Scharnhorst et une flottille de destroyers allemands effectuent un raid sur les Spitzberg. Après un bombardement naval écrasant, 300 soLdats allemands sont débarqués, les installations minières de l’Arktikougol à Barentsburg et à Grumant, ainsi que la mine norvégienne et la station météo de Longyearbyen, sont détruites.

8 septembre 1943: le cuirassé Tirpitz bombarde les Spitzberg

En décembre 1946, un premier navire soviétique accoste aux Spitzberg avec des ingénieurs, des ouvriers de la construction et des mineurs pour remettre les installations en service. Trois ans plus tard, les mines de Barentsburg et Grumant sont à nouveau en service. En 1956, 418.000 tonnes de charbons sont produites, mais le site de Grumant est fermé en 1961. De nouvelles centrales thermiques sont inaugurées en 1968 et 1974. En 1975 une liaison aérienne Moscou-Spitzberg est inaugurée et des pêcheries soviétiques sont créées dans l’archipel.  En 1981, Arktikougol célèbre son 50e anniversaire en grandes pompes et en 1986, un complexe sportif avec salle de gym et piscine olympique est inauguré à Barentsburg. Vitrine de l’URSS dans le grand Nord, la communauté des citoyens soviétiques des Spitzberg était choyée par l’État.

Un billet pour les citoyens soviétiques des Spitzberg employés en 1946 par l’Arktikougol
Monument devant le complexe de Pyramiden (la mine avait pris le nom de la montagne au pied duquel elle se trouvait)

Mais avec la fin de l’URSS, les subventions diminuent et l’exploitation du charbon est à peine rentable. La mine de Pyramiden a fermé en 1998, la ville se transformant en ville fantôme. Arktikougol a alors souffert d’une mauvaise gestion, d’une absence d’investissement rendant ses installations vétustes et dangereuses et de pratiques maffieuses (la sociétés promettait des salaires trois fois supérieur au salaire qu’ils touchaient réellement, et les nouveaux venus n’avaient pas assez d’argent pour rentrer en Russie ou en Ukraine…). Seule la mine de Barentsburg est aujourd’hui exploitée, mais sa faible production n’est plus guère exportée et ne sert qu’à alimenter les centrales thermiques locales.

L’emblème de l’Arktikougol à l’entrée de la mine de Barentsburg
Les traces de la présence soviétique dans la ville de Barentsburg