Les montres et boîtiers anti-magnétiques

Presque toutes les montres « Zaria », de la Fabrique de Montres de Penza, sont équipées d’un bouclier anti-magnétique.

Une Zaria classique (collection B. Hanoï)
Sous le fond: le bouclier anti-magnétique
Sous le bouclier: le mécanisme (ici un 2014A)

C’est bien connu: un objet en fer ou en acier se trouvant près d’un aimant devient lui-même un aimant capable d’attirer un autre corps en fer ou en acier. L’influence de l’aimant se fait sentir jusqu’à une certaine distance: c’est le champ magnétique.
Si un morceau de fer est aimanté tant qu’il reste sous l’action du champ magnétisant; il perd son aimantation dès qu’on l’en retire; il n’a qu’une aimantation temporaire. L’acier, par contre, a une aimantation permanente.

Le bon fonctionnement d’une montre peut être affectée lorsque le spiral, le balancier, les pièces de l’échappement, se trouvent aimantés.
Même l’aimantation de pièces volumineuses (rochet, couronne, ressort de barillet, tige de remontoir) peut perturber voire bloquer le fonctionnement. Avec le développement des machines électriques, il devenu de plus en plus nécessaire de protéger les montres contre l’aimantation.
C’est vrai en général (électroménager), mais plus encore pour les techniciens, ingénieurs et ouvriers qui se trouvent parfois confrontés à des champs magnétiques très intenses, par exemple dans le voisinage des électroaimants, des dynamos, des moteurs.

Durant la Première Guerre mondiale, les forces et les faiblesses de certaines montres ont été mises en lumière.
La première technique anti-magnétique utilisée fut de substituer des alliages amagnétiques à l’acier, à commencer pour le spiral. On a pu encore légèrement la protection en utilisant ces alliages pour le plateau, la raquette, les aiguilles, le pont d’ancre, la tige de remontoir.
C’est en 1915 que Vacheron Constantin met au point la première montre de poche anti-magnétique. En 1929, Tissot produit la première montre-bracelet de ce type, en utilisant du palladium plutôt que de l’acier.

En 1948, IWC, pour la Schaffhausen Pilote Mark 11, est le premier à expérimenter l’utilisation d’un boîtier interne en fer doux qui agi comme une cage de Faraday : il protège le mouvement en fournissant un chemin aux lignes de force pour qu’elles passent autour du mouvement plutôt que par lui.
L’écran doit être fait en une matière qui attire fortement les lignes de force : le fer doux aussi pur que possible ou les alliages qui contiennent du fer et du nickel avec des additions (cuivre, chrome, molybdène). Comme ces métaux sont très oxydables, on place d’ordinaire cet écran dans un boîtier d’acier inoxydable.
C’est d’une protection par écran dont sont équipé les montres soviétiques. Les montres de la Fabrique de Penza semblent avoir été les premières à avoir été massivement protégées.
Ce dispositif s’est généralisé: dans les années ’70, certaines Raketa, Vostok et Slava sont munies d’un tel écran. Tous les boîtier Amphibian intègrent une telle protection.

Cette Anphibian s’affiche Антимагнитных (anti-magnétique)
(collection F. Gordon)

La Fabrique de Montres de Petrodvorets a produit dans les années ’70 et ’80 un mouvement rare, anti-magnétique, le 2610. Ce mouvement était placé sous un cadran en alliage spécial, et dans boîtier anti-magnétique en acier spécial ЭА ou en alliage acier/nickel, la question de l’utilisation d’un alliage spécial pour le ressort de barillet et le spiral reste discutée (voir ici). Les canons des aiguilles sont plus longs pour passer l’épaisseur spéciale du cadran anti-magnétique.

Raketa 2610 Avec son boîtier et son bouclier anti-magnétique (photo Ebay)

Il est à noter que les Soviétiques produisaient aussi des boîtier anti-magnétiques destinés à protéger les montres:

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