L’Association unitaire de l’Etat fédéral des entreprises pour le commerce extérieur, (Федеральное государственное унитарное предприятие Внешнеэкономическое объединение), en abrégé V/O Mashpriborintorg (Машприборинторг), était le principal (et longtemps le seul) conglomérat soviétique pour l’exportation, et un des plus grands conglomérats de l’URSS. Le Mashpriborintorg a été fondée en URSS en octobre 1959, en lien avec le Ministère du Commerce Extérieur. Entre 1960 et 1975 c’était la seule compagnie d’exportation de l’URSS de biens manufacturés et il a exporté pendant cette période des millions de montres, de radios, d’appareils photos, de caméras de microscopes, d’appareils de mesures, etc. dans plus de 90 pays.
Dans ses 5 premières années d’existence, le Mashpriborintorg a exporté 20 millions de montres (tandis que 100 millions étaient produites pour le marché intérieur). Et les chiffres allèrent croissant (jusqu’à la crise des années ’80) : si en 1963, le Mashpriborintorg a exporté plus de 6 millions de montres soviétiques vers 67 pays, en 1977 il en exportait plus de 12 millions vers 80 pays d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique. Un réseau mondial de 2.100 ateliers et postes de garantie dans les pays importateurs assurait le service après-vente.
Le siège du Mashpriborintor, 32-34 place Smolenskaya-Sennaya, sur le boulevard de Smolensk, était dans l’immeuble du Ministère des Affaires Étrangères. Ce bâtiment est un des sept « grattes-ciel staliniens » de Moscou, surnommés les « Sept soeurs de Moscou ». Ses plans ont été dressés en 1946, le chantier commencé en ’48 et achevé en ’53. Haut de 172 mètres (27 étages), il est couvert par une paroi extérieure de pierre avec des pilastres en saillie, et surmonté d’une flèche (qui n’était pas dans le plan initial de l’architecte Minkus) qui rend sa silhouette semblable à celles de ses six soeurs (l’Université Lomonossov, les hôtels Ukraine et Léningrad, les ensembles d’habitations de la berge Kotelnitcheskaïa et de la place Koudrinskaïa, le Ministère de l’industrie lourde).
2. Le Technointorg et la Vremex
L’entreprise pour toute l’Union [soviétique] « Technointorg », en abrégé « Tento », a été créée le 24 avril 1979 pour l’exportation de produits techniques comme les montres et les radio-transistor, mais aussi les appareils photos, le matériel optique, etc.
Ses activités recoupent ou complètent donc celles du « Mashpriborintorg » (voir ici), dans une mesure et une logique qui m’échappe.
Le nom de Tento est presque toujours associé, sur des catalogues, à celui de la firme Vremex à Moscou.
Un manuel de démontage/remontage/réparation de montres de 1977 édité par le Technointorg et la Vremex (voir ici)
L’entreprise pour Toute-l’Union [soviétique] « Vremex » (времекс, sans doute un acronyme entre « Temps », « Vrémia » et « Export ») était une société de commerce extérieur qui faisait partie MashPriborIntorg du ministère de l’Ingénierie des instruments, et qui avait le droit de vendre des montres soviétiques à l’exportation. Les marques Sekonda, Cornavin, Cardinal, etc. appartenaient à Vremex.
Il ne faut pas confondre avec la Fabrique de radio « Vremex » de Moscou (productrice de radios de marque SOKOL mais aussi équipements radio pour l’industrie et la défense).
Un témoignage sur le net russe (source)
« À l’époque soviétique, les entreprises de commerce extérieur du Minpribor n’étaient pas des entreprises formellement indépendantes, mais bien des départements du Mashpriborintorg. Je connais bien ce bureau, car j’ai travaillé avec eux. La dénomination « d’entreprise de commerce extérieur » était destinée aux partenaires étrangers, car c’était plus clair pour eux. En outre, le Mashpriborintorg avait une double subordination – au Ministère des Appareils et au Ministère du Commerce extérieur. En fait, toutes les ventes de montres réalisées jusqu’en 1986 l’ont été uniquement par Vremex. En 1986, les usines ont été autorisées à vendre une partie de leurs montres par l’intermédiaire d’autres sociétés de commerce extérieur, mais jusqu’en 1991, les livraisons passaient par le Mashpriborintorg. »
Deux différentes versions du logo du Technointorg