Histoire de la Fabrique de Montres d’Ouglitch

En Décembre de 1937, le Conseil des commissaires du peuple a décidé de construire une fabrique de de pierres précieuses pour mécanismes de précisions, sous la dénomination de Fabrique d’État de l’Union [soviétique] de Pierres de Précisions N°2 (TTK-2), dans la ville d’Ouglitch. Le choix de Ouglitch, sur la Volga, à 120 km au nord-Est de Moscou, s’expliquait notamment par une forte tradition locale de petites fabrications métalliques et de bijouterie. Cette ville d’orfèvres fut le théâtre de l’assassinat par Ivan le Terrible de son fils Dimitri.

La Fabrique est créée avec l’aide de la Fabrique de Montre de Penza qui fournit notamment le savoir-faire et l’équipement industriel. La fabrique est opérationnelle en 1940.

La Fabrique commença au début des années ’50 une production de montres de petites tailles (16mm) de marque Zvezda, pour femmes, en emboîtant des mouvements de la Fabrique de montres de Penza, (les descendants du fameux Lip T-28). Les premières de ces montres portent sur le cadran le signe TTK-2.

Une TTK-2 du 4e trimestre 1954 (collection F. Gordon)

En 1954, lorsque la fabrique devient « Fabrique de Montres d’État d’Ouglitch » (Угличский Государственный часовой завод).
En 1956, la Fabrique distribua ses montres sous les marques Volga puis, à partir de 1963, sous la marque Tchaïka (чайка, « mouette »), en l’honneur du nom de code de la première femme cosmonaute, Valentina Tereshkova. Pour tout simplifier, la Fabrique de Montre de Tchistopol a également fabriqué des Tchaïka dans les années ’60.

La Fabrique d’Ouglitch
Les logements ouvriers de la fabrique

C’est autour de 1960 que la Fabrique commença à produire des calibres 1600 et 1601 (les second différant des premiers par un dispositif anti-choc), toujours pour des montres de dame. Plus tard, l’usine allait développer, à partir du 1601, un petit mouvement ovale à l’épreuve du choc: le 1301. L’usine produisit en petit quantité aussi un petit mouvement automatique: le 2015.

Allaient ensuite être produits, en collaboration avec la 1ère Fabrique de Montres de Moscou, des mouvements de la série 26 (2602, 2605, 2609H, qui animent les montre « stadium », 2627H, automatiques, 2628H…).

La fabrique sur une carte postale (collection B. Hanoï)
Le Palais de la culture de la fabrique sur une carte postale (collection B. Hanoï)
Un 1600 emboîté dans une « Volga » (collection F. Gordon)

Une des productions les plus intéressantes de la Fabrique d’Ouglitch fut le calibre 1.200, destiné aux Tchaïka, le plus petit mouvement mécanique jamais réalisé en URSS (6 millimètres sur 9!). En 1966, ces montres font sensation à la Foire internationale de Leipzig et y remporte la médaille d’or. Ce mouvement a été produit entre 1964-1968 (environ) puis abandonnée, probablement en raison des coûts de fabrication élevés et du peu d’avantages qu’il y avait à produire un mécanisme aussi minuscule.

Le minuscule (et très rare) mouvement 1200 (collection F. Gordon)

Le 1301 prendra sa place dans la production des petites Tchaïka.

En 1972, l’usine a été rebaptisé en l’honneur du 50e anniversaire de l’URSS. Dans les années 1970, l’usine a développé les modèles bijoux, bague, bracelet ou pendentif, en émail, ambre ou plaqué or, qui deviendront sa marque de fabrique.

En 1974 elle commence à produire ses premières montres pour hommes sous la marque Skhodit. A partir de 1977, l’usine commence à produire des montres à quartz.

Un médaille pour les 50 ans de la fabrique (1940-1990)

Dans les années ’80, la fabrique a commencé à produire en masse des montres à quartz, d’abord avec les grandes et peu fiables calibres 30 de première génération (conçu en coopération par plusieurs Fabrique), plus tard avec le calibre 23 de 2e génération, bien meilleur (et plus petit). Dans les années 1980, l’usine est à son sommet, ses produits remportent plusieurs concours, elle ouvre de nouvelles chaînes de production et lance de nouveaux modèles. Les spécialistes de la Fabrique forment ses futurs travailleurs non seulement à l’École technique de construction de machines, mais aussi à l’université MGAPI.

En 1990, la production des montres et des mécanismes atteint 5 millions d’unités par an dont 59% ont été exportés, dans les pays de la CEI mais aussi en Angleterre, au Canada, en France et en Allemagne. En 1993, l’usine emploie 7.600 travailleurs (la ville compte 16.000 habitants!), mais elle encaisse le choc de l’effondrement de l’URSS. En 1996 elle n’exporte plus que 15% de sa production, et elle est victime en 1998-99 d’une faillite frauduleuse.

Elle connait ensuite une renaissance spectaculaire. Elle existe encore et produit toujours trois mouvements mécaniques, encore qu’elle produit surtout des montres emboîtant des Miyota. C’est actuellement le plus grand fabricant de montres en Russie avec plus de 4.000 employés. Sa production annuelle est de 1,5 à 2 millions de montres.

La Fabrique d’Ouglitch aujourd’hui